Le mouvement de l'économie sociale et l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

En 1969, à Lévis, un groupe de parents d’enfants handicapés s’est mobilisé afin de combler le trou de service auquel ils étaient confrontés. Naissait alors l’Association pour l’aide aux enfants exceptionnels de la Rive-Sud inc., aujourd’hui connu sous le nom de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud. Comme d’autres entreprises du secteur de l’économie sociale, cet organisme favorise l’intégration de personnes habituellement marginalisées tout en contribuant à l’essor économique de la communauté. Dans cette page seront présentés divers éléments en lien avec le mouvement social de l’économie sociale dans la région de la Chaudière-Appalaches. Afin de comprendre le contexte d’implantation de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud, la conjoncture de l’époque sera brièvement expliquée. De plus, les sujets de la lutte sociale en plus de la présentation du cas spécifique choisi seront abordés. Finalement, des liens entre l’organisme et le mouvement d’économie sociale seront établis.

L’économie sociale au Québec et dans la région de la Chaudière-Appalaches

Ce qu’est l’économie sociale (définitions et informations complémentaires)

« Pragmatiques, mais non dépourvues de principes éthiques, enracinées dans leur territoire, mais non figées […], souvent visionnaires sans être nécessairement révolutionnaires, les pratiques de l’économie sociale […] cherchent à apporter des réponses aux besoins et aux aspirations des personnes et des communautés non comblées par le secteur public ou privé. » 

 

Nous misons sur une définition qui englobe des principes économiques, comme le profit ou les divers acteurs, et des principes sociaux, comme le capital humain, la prise en charge ou encore la démocratie. L’économie sociale se veut donc comme « le meilleur des deux mondes » : être un partenaire économique ayant  comme objectif de promouvoir l’aspect social. Le tiers secteur, comme certains le nomment, se veut donc une réponse au capitalisme.(Jetté & Shields [dir.], 2010)

 

Petits points supplémentaires

 

-       « L’économie sociale peut se développement dans tous les secteurs » d’activités, tant que cela répond aux besoins de la société, à son intérêt général. (Tremblay, Tremblay & Tremblay, [dir.], 2002)

 

-        L’économie sociale favorise la prise en compte du côté social en plus de se donner les moyens, en tant qu’entreprise, de le faire. (Tremblay, Tremblay & Tremblay, [dir.], 2002)

 

-       L’économie sociale peut être à la fois dans la catégorie de production de biens et de services et dans la catégorie des services sociaux et de la santé.

 

-       Les entreprises de l’économie sociale sont ancrées dans leur territoire et luttent pour des causes qui ont de l’importance pour la communauté.

 

Les enjeux actuels de l'économie sociale

  •  Renforcement des communautés et des différents réseaux;
  •  Visée de transformation des structures en place et d’amélioration des conditions de vie;
  • Partenariat avec le réseau local, régional, national et international;
  •  « Faire avancer cette idée que modernité et progrès ne se conjuguent pas uniquement et “naturellement” avec concurrence et compétition, mais aussi avec réciprocité et coopération » (Jetté & Shields [dir.], 2010);
  • Exploiter entièrement le potentiel de l’économie sociale;
  • Démontrer qu’il peut y avoir une alternative au capitalisme et lutter publiquement contre la pauvreté et l’exclusion sociale;
  • Acquérir un pouvoir pour s’imposer, pour faire sa place et pour respecter sa mission : un pouvoir s’acquiert lors d’un processus, qui est l’empowerment;
  • L’économie sociale répond aux aléas de l’économie : une crise économique peut aider une entreprise d’économie sociale à s’installer, mais ladite entreprise est ensuite soumise à ces mêmes crises, ce qui la fragilise;
  • Conjoncture politique, économique et idéologique;
  • La mondialisation, au plan culturel, et la globalisation au plan économique : la mondialisation oblige une redéfinition du cadre de l’économie;
  • Marchandisation de tous les secteurs de la vie;
  • Divergences des points de vue au sein même des différents acteurs de l’économie sociale.

 

 

Les impacts de l'économie sociale dans la région de la Chaudière-Appalaches

Promouvoir l’intégration de tous les citoyens, peu importe leurs caractéristiques

Répondre aux besoins auxquels l’État, les organismes ou le réseau ne répondent pas

Création de puissances civiques, sociales et économiques dans les régions

Développement socioéconomique du territoire

Valeur sociale ajoutée à la communauté

Dynamisation de l’économie locale

Création de liens d’appartenance et de liens sociaux

Établissement d’une relation avec les acteurs locaux

Favoriser l’émergence de réseaux de solidarité

Créateur d’emplois

Transformer des besoins collectifs en demandes sociales

Répondre aux préoccupations de citoyens qui aspirent à la démocratie dans leur lieu de travail ainsi que dans le secteur de l’économie

Proximité territoriale des services

Construction par les usagers et les travailleurs d’un milieu de travail adéquat

 

 

Pourquoi l'économie sociale est-elle un mouvement social?

« Nous définissons un mouvement social à finalité économique comme un ensemble d’actions collectives de revendications par lesquelles des acteurs mobilisent, sur une base collective, des ressources afin d’exercer des pressions sur différents lieux de pouvoir. L’objectif visé par ces actions est de gagner une lutte socioéconomique dont l’enjeu consiste à assurer la viabilité d’une communauté locale. » ( Jetté & Shields [dir.], 2010) Nous ajouterions : d’une communauté locale dans son ensemble, sans égard aux problématiques, classes sociales ou conditions de vie.

 

Premièrement, nous tenons à expliciter que l’économie sociale permet de « meilleures assises pour la démocratie », ce qui est justement l’un des buts des mouvements sociaux. En misant sur la démocratie, l’économie sociale peut aspirer à développer une communauté où les personnes sont informées et où elles peuvent faire part de leurs idées, et ce, en toute liberté.

 

Deuxièmement, en rapport avec l’économie sociale, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’un « militantisme économique », de revendications et d’indignations face aux différentes problématiques de l’économie en ce moment. De ce fait, le besoin de revendiquer et de refuser le fatalisme font un lien intéressant avec ce qu’est un mouvement social.

 

 Troisièmement, en décrivant ce qu’est l’économie sociale, il est intéressant de s’arrêter sur certaines de ses caractéristiques. En effet, il s’agit d’une approche intégrée qui touche à la fois l’économique et le social. Les préoccupations sont donc larges et de nombreux acteurs entrent en jeu. De plus, l’économie sociale se fait à l’échelle du territoire, en s’implantant dans sa communauté et pour sa communauté.

 

Quatrièmement, que ce soit pour notre étude de cas ou pour l’ensemble des entreprises d’économie sociale, ces organismes prennent vie à la suite d’une mobilisation de personnes marginalisées. Ainsi, l’idée d’indignation est bien présente en plus de faire valoir les droits des citoyens et de les impliquer dans la démarche. C’est une économie pour les personnes différentes.

 

Finalement, nous voulons avancer que : « Parler de mouvement social ne veut pas dire parler d’une plate-forme unique de revendications ou de moyens d’action. » Nous comprenons les questionnements en lien avec la considération de l’économie sociale comme un mouvement social. Toutefois, il faut cesser de fixer des limites et miser sur la diversité. Il est vrai que l’économie sociale peut être considérée comme un moyen plutôt que comme un mouvement social. Il est également possible de penser que le tiers secteur s’inscrit dans d’autres mouvements sociaux. Par contre, nous misons aujourd’hui sur son identité propre, en prenant en considération ses objectifs, son unicité, sa force de caractère de même que ses réalisations.

 

 

Lien vers des sites Internet qui portent sur l'économie sociale

Table régionale économie sociale de Chaudière-Appalaches (TRESCA)

Le Chantier de l'Économie sociale

Économie sociale Québec

La Loi sur l'économie sociale

Lien vers le site Internet de la loi sur l'économie sociale. 

 

 http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-27-40-1.html

La conjoncture dans la région de Chaudière-Appalaches – Ce qu’il se passait dans la région avant et au même moment de la création de l’organisme

Brève présentation de la désinstitutionnalisation

Conjoncture des années 1960 au Québec : contexte de la Révolution tranquille

 

«Au début des années 60, la seule alternative pour les familles qui gardent à la maison une personne atteinte de déficience intellectuelle est l'internement de la personne en hôpital psychiatrique où aucune distinction n'est faite entre maladie mentale et déficience intellectuelle. Les soins réservés aux malades mentaux sont réservés aux communautés religieuses seulement et les asiles sont essentiellement des lieux d'hébergement.» (Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. 2009) Au Québec, avant la désinstitutionnalisation, les parents qui choisissent de garder leur enfant à la maison ne bénéficient d'aucun soutien et ils sont fortement encouragés à placer leur enfant en institution par les professionnels. La prise en charge par la communauté lorsque cela est possible et l'asile sont les principales ressources pour la prise en charge de personnes atteintes de déficience intellectuelle. En institut, les interventions se limitent à l'hébergement et à la discipline. 

 

Sources :

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)

Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.). (1997)

 


Au Québec, le contexte de la Révolution Tranquille amène la consolidation de l'État-Providence ainsi qu'un vent de changement dans le domaine de la santé et des services sociaux. Certains professionnels commencent à remettre en question les conditions de vie des personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques. À la demande du gouvernement Lesage, la comission Bédard publie un rapport en 1962 qui met en lumière les mauvaises conditions de vie dans ces instituts de soin. Ce rapport aura un impact majeur sur le milieu de la psychiatrie et provoquera une réflexion qui donnera suite à la désinstititionnalisation. La première vague de désinstitionnalisation (des années 1960 à 1972) est marquée par la priorité de faire sortir les personnes des hôpitaux psychiatriques afin de réduire les coûts de prise en charge. On compte à l'époque sur la famille pour prendre soin des personnes qui retourneront dans la communauté. À partir de ce moment, les parents «d'enfants exceptionnels» doivent s'organiser afin d'avoir plus de services : ils créent des services de type occupationel grâce à des levées de fond dans la communauté. On mise sur les forces de la personne afin de l'intégrer dans la communauté, en lui faisant faire de menus travaux par exemple. Au cours de cette première vague de changements au Québec, les associations de parents joueront donc un rôle primordial afin de trouver des alternatives à l'institutionnalisation pour leurs enfants.



Sources :

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).

Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.). (1997).

 

La réalité des personnes handicapées au fil du temps

Sources:

 

D'Artois Gauthier. (2004).

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)

La lutte des parents d'enfants ayant une déficience intellectuelle pour obtenir des services et la création de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Entrevue réalisée le 10 février 2014 avec Madame Dany Després

La désinstitutionnalisation et ses impacts sur les familles

 

Selon madame Dany Després, la désinstitutionnalisation, qui a commencé après l’ère duplessiste, dans les années soixante, a eu une très grande influence dans la lutte des parents d’enfants handicapés.  La désinstitutionnalisation consistait à privilégier le milieu familial au placement en institution. Cette idéologie est, en soi, très louable. Toutefois, comme le mentionnait madame Després, les familles se retrouvaient avec leur enfant sans aucun service à leur disposition. Selon elle, la cause de la lutte des parents est grandement liée à ce phénomène. Les parents se retrouvaient devant un trou de service qu’ils ont voulu combler en créant l’Atelier Occupationnel.

Acteurs importants dans la lutte pour des services

 

Toujours à partir de l’entrevue effectuée avec Madame Dany Després, voici les principaux acteurs présents pendant la lutte des parents.

o   Vital Després : cofondateur;

o   Jean-Paul Leblond : cofondateur;

o   Les parents d’enfants handicapés;

o   Les personnes présentant un handicap intellectuel et/ou physique;

o   Les bénévoles;

o   L’école Sainte-Anne;

o   Les églises de la paroisse;

o   La gens de la communauté;

o   Les premiers employés;

o   Les institutions de placement;

o   Les gens d’affaires (contacts partenaires);

o   Les médias de la région (journaux, radio, télévision (téléthons);

o   Quelques personnalités connues (téléthons);

o   Les entreprises locales;

o   Le gouvernement, dont le ministère des Affaires sociales (à l’époque) et l’Agence régionale de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches;

 

Source:

Després, D. (2014, 10 février). 

 

Parallèle avec les services présents en Chaudière-Appalaches à l’époque

Services offerts pour les personnes atteintes de déficience intellectuelle et leurs familles dans la région de Chaudière-Appalaches à l'époque de la création de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Source:

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)

 

 

Lien vers le site Internet du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissant du développement de Chaudière-Appalaches

Présentation de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud : le cas spécifique

Sources:

 

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).

D'Artois Gauthier. (2004).

Després. (2014, 10 février).

Vaugeois. (2014, 22 janvier)

Carte géographique situant l'organisme dans la ville de Lévis

Mission et objectifs

L’Atelier occupationnel Rive-Sud vise, par le travail, l’intégration des personnes handicapées intellectuellement et/ou physiquement. Les activités de l’organisme sont orientées vers les objectifs suivants :  

 

oLa personne joue un rôle actif en s’intégrant dans les activités économiques de l’organisme;

o Par le travail, la personne développe son autonomie, sa prise de responsabilités, son estime de soi;

o Offrir à la personne un travail adapté à ses capacités;

o Valoriser l’entraide;

o  La personne développe des habiletés et des compétences de travail et sociales;

o  Offrir des services compétitifs de qualité aux entreprises locales;

o  Réinvestir tous les profits au bénéfice de l’organisme.

Services offerts par l'organisme

o   Ensachage et mise en boîte

o   Étiquetage de toutes sortes
o   Préparation à la facturation
o   Préparation et envoi postal
o   Assemblage, pliage, coupe, insertion et emballage divers
o   Montage divers et plusieurs types de travail à la chaîne
o   Publipostage hebdomadaire, mensuel ou ponctuel
o   Ensachage d’accessoires à repas clé en main
o   Recyclage des livres en fin de vie, récupération et transformation du papier livre

 

 

Qui sont les personnes qui peuvent travailler à l'Atelier Occupationnel Rive-Sud?

 

 

 

 

 

Historiquement, l'Atelier a une préférence à offrir des services aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Cependant, bien que la déficience intellectuelle soit généralement priorisée, plusieurs types de clientèle sont acceptés : déficience physique, santé mentale ainsi qu'une mixité de diagnostic. Tout dépend de la capacité de travail et de la personnalité des individus. 

 

L'Atelier compte près de 56 travailleurs. Selon Claude Vaugeois, directeur de l'organisme, près de 50% d'entre eux vivent en famille d'accueil, l'autre partie vivant encore dans leur famille naturelle. La grande majorité reçoivent des prestations d'aide sociale, et l'Atelier est surtout une occasion pour eux d'acquérir de nouvelles compétences et de fréquenter un milieu de travail adapté et valorisant. Les horaires de travail sont adaptés en fonction des besoins et des capacités des travailleurs. Chaque jour, près de 40 travailleurs sont présents à l'Atelier afin d'effectuer les tâches quotidiennes.

 

Processus de sélection des travailleurs


Un comité d'admission est responsable de faire la sélection. Un formulaire est à remplir par les parents ou la famille d'accueil afin de décrire les forces et limites de leur enfant. Ensuite, l'intervenant de la personne vient rencontrer l'équipe du comité d'admission. C'est à ce moment que l'on détermine si la personne pourra bien s'adapter au milieu de travail ou non.

 
Le critère majeur afin de pouvoir travailler à l'Atelier est le comportement : la personne doit pouvoir vivre, fonctionner en groupe et contrôler son comportement de façon autonome.

 

Sources:

Vaugeois, C. (2014, 22 janvier)

Rapport annuel de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2012-2013).

 

Témoignages de personnes travaillant pour l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Quelques entreprises qui utilisent les services de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Store Vénitiens Manufacturiers inc.

http://www.storesvenitiens.ca/

625 des Calfats, Lévis, QC G6V 9E7

(418) 837-2453

 

Abrasifs JJS

900 Chemin Olivier, Lévis, QC G7A 2N1

(418) 836-0557

 

Cycles Lambert

http://www.cycleslambert.com/sites/fr/Enterprise%20Portal/ConsumerHome.aspx?WCMP=cl

 

1000 des Riveurs, Lévis, QC G6V 7M5

(418) 835-1685

 

 

«À cause de son handicap, les occasions de socialiser sont limitées. À l'Atelier, c'est une famille pour lui et les autres aussi. Ça brise sa solitude. Paul est heureux de venir ici. Il y a pris de l'autonomie. Ça l'aide beaucoup pour la vie en appartement aussi»

 

«S'il a 15 jours de vacances, il a hâte de revenir. Ses amis sont ici. C'est une petite famille en réalité. Il ne serait pas capable de se passer de l'Atelier. Il s'ennuierait énormément»

«Elles ont comme une fierté de travailler, une fierté de se sentir utile. Même si les montants gagnés ne sont pas élevés, la fierté à quelque part est là. Il y a une dimension où on leur donne la chance de pouvoir faire quelque chose d'utile»

 

Sources :

Rapport annuel de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2012-2013).

Vaugeois, C. (2014, 22 janvier).

Vidéo de présentation de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Lien vers le site Internet de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud

Liens entre l'Atelier Occupationnel Rive-Sud et l'économie sociale

Association de concepts : lien entre la théorie et la pratique

Il semble primordial de reprendre certains concepts décrits plus tôt et de faire le pont entre la théorie et la pratique. Voici donc un tableau présentant les points considérés comme importants :

 

Économie sociale

Atelier Occupationnel Rive-Sud

Explications supplémentaires

Activités économiques productrices de biens ou de services

Services offerts aux entreprises : récupération de papier, ensachage, étiquetage, préparation postale, classement, assemblage, facturation, publipostage et/ou préparation d’accessoires personnalisés, etc.

Ainsi, l’entreprise offre ses services à la collectivité pour réaliser certaines tâches.

Également dans la lignée des services sociaux et de la santé

Miser sur l’intégration, par le biais de l’emploi, de personnes adultes ayant une déficience intellectuelle

Ainsi, en raison d’un trou de service, l’organisme répond aux besoins des personnes ayant une déficience intellectuelle et de leur famille en offrant un milieu de travail adapté, où toutes les personnes peuvent se réaliser à leur plein potentiel. Cette entreprise pallie donc le manque de services spécifiques de la part du public et du privé.

Finalité de service aux membres ou/et à la communauté (pas une finalité de profit)

Insertion au milieu de travail (accueillir des personnes qui ont un accès difficile au milieu de travail);

Service aux proches des personnes ayant une

L’Atelier rend service à ses membres et à la communauté. En effet, l’organisme utilise des activités économiques et aide les entreprises de la région dans diverses

 

 déficience intellectuelle pour pallier le trou de service;

Offrir des services aux entreprises de la région

 tâches, mais il permet également l’inclusion sociale sur le plan de l’emploi en plus d’un milieu sécuritaire et normalisant.

À partir d’engagements citoyens – au service d’un projet collectif et non d’un projet conduit par une seule personne dans son intérêt propre

En 1969, il y a eu une lutte de la part des parents de personnes ayant une déficience intellectuelle à la suite de la désinstitutionnalisation.

Un service a donc été développé pour aider les familles de la région. Il y a eu une mobilisation de divers acteurs dans le but de supporter un projet collectif pour le mieux-être des familles de la région et de la région en général, car l’acceptation passe par le travail.

Intervient pour répondre à des besoins délaissés par les services publics et les entreprises privées.

Trou de service pour les adultes ayant une déficience intellectuelle;

Œuvre pour les personnes qui ne peuvent avoir un emploi « régulier ».

En effet, comme démontré auparavant, la désinstitutionnalisation a obligé la société à revoir autrement ses services. Toutefois, la réorganisation a laissé ce que l’on appelle des « trous de services » et c’est le cas pour les adultes ayant une déficience intellectuelle.

Secteur économique à part entière qui œuvre sur le marché, mais avec ses principes propres

L’entreprise fait face aux aléas économiques comme la dernière crise économique;

Offre des services en échange de rémunération;

Adaptation des conditions de travail des travailleurs, selon des principes propres à ce genre d’entreprise (revenu symbolique de 5 $/jour, horaires et tâches adaptés à la personne)

Bien que l’entreprise évolue dans un contexte économique et qu’elle vive également des limites lors d’une crise économique (en raison de la baisse de consommation), il est nécessaire de spécifier qu’elle peut adapter les conditions de travail de ses employés, dans une optique d’insertion et d’économie sociale.

 

 

Les différents acteurs dans l’économie sociale, plus précisément pour le cas spécifique de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud

 

-       Les parents et l’entourage des personnes qui nécessitent une aide supplémentaire;

-       Les personnes qui bénéficient des services de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud, c’est-à-dire les personnes ayant une déficience intellectuelle ou physique ou encore une problématique de santé mentale;

-       Les entreprises, que ce soit en partenariat avec l’Atelier Occupationnel Rive-Sud ou celles qui bénéficient de leurs services;

-       Les employés et les bénévoles qui travaillent dans l’entreprise d’économie sociale;

-       Les acteurs qui offrent du financement, comme c’est le cas des Caisses Populaires ou de Centraide;

-    Les milieux publics ou entreprises privées de la région, plus précisément le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) pour le cas présenté;

-       Les divers intervenants, qu’ils travaillent pour l’organisme (ou en collaboration avec celui-ci) ou qu’ils recommandent des personnes à l’Atelier Occupationnel Rive-Sud;

-    La population en général, que ce soit les gens qui supportent actuellement l’Atelier, qui croient en l’économie sociale, qui s’y opposent ou encore le fait que l’Atelier soit né d’une mobilisation citoyenne;

-       Les agences de la santé et des services sociaux;

-       Les villes, dans ce cas, la Ville de Lévis;

-       Les organismes communautaires;

-       Les instances de pouvoir, comme les gouvernements.

Vidéo présentant l'organisme comme finaliste d'un prix en économie sociale

Les impacts de l’économie sociale pour les personnes ayant une déficience intellectuelle

Le taux de personnes ayant une « incapacité » varie entre 8 % et 15 % (Jetté & Shields [dir.],2010).Il s’agit donc d’un pourcentage important de Québécois. Évidemment, les âges de ces personnes varient en plus de la sévérité des « incapacités ». Toutefois, puisque le réseau public ne peut répondre à tous les besoins et qu’il y a des trous de services, majoritairement pour les adultes de plus de 21 ans, il semble évident que l’économie sociale joue un rôle important dans les régions.

 

Au Québec, près de 550 organismes du secteur de l'économie sociale oeuvrent auprès de personnes ayant une déficience intellectuelle, et ce, dans des champs d'activités variés. Ils interviennent principalement dans trois champs d’activité : les activités sociales et de loisir, le soutien psychosocial et le soutien à l’intégration sociale et les services de soutien aux familles. En plus de ces trois champs d’activités principaux, les organismes du secteur de l’économie sociale jouent un rôle important dans les services de transport adapté et les services de travail adapté. On notera au passage que, globalement, les entreprises adaptées accueillent beaucoup plus de personnes ayant une déficience intellectuelle que de personnes ayant une déficience physique.  

 

Entre autres, mentionnons que dans un contexte de centralisation des services en plus du désengagement de l’État, l’économie sociale offre des services de qualité et à proximité. De même, l’économie sociale offre la possibilité aux personnes ayant une déficience intellectuelle de s’intégrer « normalement » dans notre société, car une grande partie de la valorisation passe actuellement par le travail. En misant autant sur l’économie que sur le social, ce type d’entreprise est généralement accepté et fait travailler des personnes qui ne le pourraient pas autrement.

 

Également, l’économie sociale engendre « des puissances civiques, sociales et économiques ». Nous en déduisons l’importance de l’économie sociale pour des personnes qui sont habituellement exclues des activités économiques. Il est possible de présumer qu’inclure des personnes « différentes » sur le marché du travail permet une visibilité pour ces personnes et pour leurs conditions et ainsi le développement de services connexes.

 

Avec le secteur privé et le réseau familial, le secteur de l'économie sociale fait d'ailleurs partie des 3 acteurs principaux qui participent à l'amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes d'une limitation fonctionnelle.

 

De plus, ils jouent un rôle différent que celui des établissements publics, car ils représentent souvent une source de répit et d'information pour les parents, ainsi qu'un lieu d'entraide.

 

Finalement, notons l’impact de l’économie sociale sur l’employabilité des personnes ayant une déficience intellectuelle en plus du fait que l’économie sociale peut répondre à des besoins non comblés autrement.

 

Sources :
Proulx, J., Dumais, L., Caillouette, J., & Vaillancourt, Y. (2007).
Jetté & Shields (dir.). (2010).

 

Bibliographie

Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2013). Rapport annuel 2012-2013. Document distribué lors de l'entrevue avec C. Vaugeois, 22 janvier 2014.

 

Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).1999-2009 : Dix ans d’histoire du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudières-Appalaches. Document pdf. Éditions CRDICA, Québec, 48 p. Repéré à http://www.crditedca.com/fileadmin/CRDICA/A_propos_de_nous/publications/livre_web.pdf

 

D’Artois Gauthier, Denis. (2004). « Les principales perceptions sociohistoriques des personnes ayant une déficience intellectuelle : Analyse de leurs signifiances éthiques ». Mémoire de maîtrise, Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski. 243p.

 

Després, D. (2014, 10 février). Entrevue avec Dany Després; fille du fondateur de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. Lévis, Québec.

 

 

Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.) (1997). Défis de la reconfiguration des services de santé mentale: pour une réponse efficace et efficiente aux besoins des personnes atteintes de troubles mentaux graves. Québec, Québec : Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux. Repéré à http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/0/d1251d29af46beec85256753004b0df7/$FILE/97_155co.pdf

 

Jetté, C., & Shields, G. (dir.) (2010). Le développement de l’économie sociale au Québec : Territoires et interventions. Anjou, Québec : Éditions Saint-Martin.

 

Proulx, J., Dumais, L., Caillouette, J., & Vaillancourt, Y. (2007). Les services aux personnes ayant des incapacités au Québec–Rôle des acteurs et dynamiques régionales. Cahier de l’ARUC-ÉS Cahier No : C-06-2007. Repéré à http://larepps.uqam.ca/Page/Document/pdf_insertion/cahier06_12.pdf

 

Tremblay, M., Tremblay, P.-A., & Tremblay, S. (dir.) (2002). Développement local, économie sociale et démocratie. Québec, Québec : Les Presses de l’Université du Québec.

 

Vaugeois, C. (2014, 22 janvier). Entrevue avec Claude Vaugeois directeur de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud. Lévis, Québec.