En 1969, à Lévis, un groupe de parents d’enfants handicapés s’est mobilisé afin de combler le trou de service auquel ils étaient confrontés. Naissait alors l’Association pour l’aide aux enfants exceptionnels de la Rive-Sud inc., aujourd’hui connu sous le nom de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud. Comme d’autres entreprises du secteur de l’économie sociale, cet organisme favorise l’intégration de personnes habituellement marginalisées tout en contribuant à l’essor économique de la communauté. Dans cette page seront présentés divers éléments en lien avec le mouvement social de l’économie sociale dans la région de la Chaudière-Appalaches. Afin de comprendre le contexte d’implantation de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud, la conjoncture de l’époque sera brièvement expliquée. De plus, les sujets de la lutte sociale en plus de la présentation du cas spécifique choisi seront abordés. Finalement, des liens entre l’organisme et le mouvement d’économie sociale seront établis.
« Pragmatiques, mais non dépourvues de principes éthiques, enracinées dans leur territoire, mais non figées […], souvent visionnaires sans être nécessairement révolutionnaires, les pratiques de l’économie sociale […] cherchent à apporter des réponses aux besoins et aux aspirations des personnes et des communautés non comblées par le secteur public ou privé. »
Nous misons sur une définition qui englobe des principes économiques, comme le profit ou les divers acteurs, et des principes sociaux, comme le capital humain, la prise en charge ou encore la démocratie. L’économie sociale se veut donc comme « le meilleur des deux mondes » : être un partenaire économique ayant comme objectif de promouvoir l’aspect social. Le tiers secteur, comme certains le nomment, se veut donc une réponse au capitalisme.(Jetté & Shields [dir.], 2010)
Petits points supplémentaires
- « L’économie sociale peut se développement dans tous les secteurs » d’activités, tant que cela répond aux besoins de la société, à son intérêt général. (Tremblay, Tremblay & Tremblay, [dir.], 2002)
- L’économie sociale favorise la prise en compte du côté social en plus de se donner les moyens, en tant qu’entreprise, de le faire. (Tremblay, Tremblay & Tremblay, [dir.], 2002)
- L’économie sociale peut être à la fois dans la catégorie de production de biens et de services et dans la catégorie des services sociaux et de la santé.
- Les entreprises de l’économie sociale sont ancrées dans leur territoire et luttent pour des causes qui ont de l’importance pour la communauté.
Promouvoir l’intégration de tous les citoyens, peu importe leurs caractéristiques |
Répondre aux besoins auxquels l’État, les organismes ou le réseau ne répondent pas |
Création de puissances civiques, sociales et économiques dans les régions |
Développement socioéconomique du territoire |
Valeur sociale ajoutée à la communauté |
Dynamisation de l’économie locale |
Création de liens d’appartenance et de liens sociaux |
Établissement d’une relation avec les acteurs locaux |
Favoriser l’émergence de réseaux de solidarité |
Créateur d’emplois |
Transformer des besoins collectifs en demandes sociales |
Répondre aux préoccupations de citoyens qui aspirent à la démocratie dans leur lieu de travail ainsi que dans le secteur de l’économie |
Proximité territoriale des services |
Construction par les usagers et les travailleurs d’un milieu de travail adéquat |
« Nous définissons un mouvement social à finalité économique comme un ensemble d’actions collectives de revendications par lesquelles des acteurs mobilisent, sur une base collective, des ressources afin d’exercer des pressions sur différents lieux de pouvoir. L’objectif visé par ces actions est de gagner une lutte socioéconomique dont l’enjeu consiste à assurer la viabilité d’une communauté locale. » ( Jetté & Shields [dir.], 2010) Nous ajouterions : d’une communauté locale dans son ensemble, sans égard aux problématiques, classes sociales ou conditions de vie.
Premièrement, nous tenons à expliciter que l’économie sociale permet de « meilleures assises pour la démocratie », ce qui est justement l’un des buts des mouvements sociaux. En misant sur la démocratie, l’économie sociale peut aspirer à développer une communauté où les personnes sont informées et où elles peuvent faire part de leurs idées, et ce, en toute liberté.
Deuxièmement, en rapport avec l’économie sociale, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’un « militantisme économique », de revendications et d’indignations face aux différentes problématiques de l’économie en ce moment. De ce fait, le besoin de revendiquer et de refuser le fatalisme font un lien intéressant avec ce qu’est un mouvement social.
Troisièmement, en décrivant ce qu’est l’économie sociale, il est intéressant de s’arrêter sur certaines de ses caractéristiques. En effet, il s’agit d’une approche intégrée qui touche à la fois l’économique et le social. Les préoccupations sont donc larges et de nombreux acteurs entrent en jeu. De plus, l’économie sociale se fait à l’échelle du territoire, en s’implantant dans sa communauté et pour sa communauté.
Quatrièmement, que ce soit pour notre étude de cas ou pour l’ensemble des entreprises d’économie sociale, ces organismes prennent vie à la suite d’une mobilisation de personnes marginalisées. Ainsi, l’idée d’indignation est bien présente en plus de faire valoir les droits des citoyens et de les impliquer dans la démarche. C’est une économie pour les personnes différentes.
Finalement, nous voulons avancer que : « Parler de mouvement social ne veut pas dire parler d’une plate-forme unique de revendications ou de moyens d’action. » Nous comprenons les questionnements en lien avec la considération de l’économie sociale comme un mouvement social. Toutefois, il faut cesser de fixer des limites et miser sur la diversité. Il est vrai que l’économie sociale peut être considérée comme un moyen plutôt que comme un mouvement social. Il est également possible de penser que le tiers secteur s’inscrit dans d’autres mouvements sociaux. Par contre, nous misons aujourd’hui sur son identité propre, en prenant en considération ses objectifs, son unicité, sa force de caractère de même que ses réalisations.
Lien vers le site Internet de la loi sur l'économie sociale.
http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-27-40-1.html
«Au début des années 60, la seule alternative pour les familles qui gardent à la maison une personne atteinte de déficience intellectuelle est l'internement de la personne en hôpital psychiatrique où aucune distinction n'est faite entre maladie mentale et déficience intellectuelle. Les soins réservés aux malades mentaux sont réservés aux communautés religieuses seulement et les asiles sont essentiellement des lieux d'hébergement.» (Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. 2009) Au Québec, avant la désinstitutionnalisation, les parents qui choisissent de garder leur enfant à la maison ne bénéficient d'aucun soutien et ils sont fortement encouragés à placer leur enfant en institution par les professionnels. La prise en charge par la communauté lorsque cela est possible et l'asile sont les principales ressources pour la prise en charge de personnes atteintes de déficience intellectuelle. En institut, les interventions se limitent à l'hébergement et à la discipline.
Sources :
Centre
de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)
Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.). (1997)
Au Québec, le contexte de la Révolution Tranquille amène la consolidation de l'État-Providence ainsi qu'un vent de changement dans le domaine de la santé et des services sociaux. Certains
professionnels commencent à remettre en question les conditions de vie des personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques. À la demande du gouvernement Lesage, la comission Bédard publie un
rapport en 1962 qui met en lumière les mauvaises conditions de vie dans ces instituts de soin. Ce rapport aura un impact majeur sur le milieu de la psychiatrie et provoquera une réflexion qui
donnera suite à la désinstititionnalisation. La première vague de désinstitionnalisation (des années 1960 à 1972) est marquée par la priorité de faire sortir les personnes des hôpitaux
psychiatriques afin de réduire les coûts de prise en charge. On compte à l'époque sur la famille pour prendre soin des personnes qui retourneront dans la communauté. À partir de ce moment, les
parents «d'enfants exceptionnels» doivent s'organiser afin d'avoir plus de services : ils créent des services de type occupationel grâce à des levées de fond dans la communauté. On mise sur les
forces de la personne afin de l'intégrer dans la communauté, en lui faisant faire de menus travaux par exemple. Au cours de cette première vague de changements au Québec, les associations de
parents joueront donc un rôle primordial afin de trouver des alternatives à l'institutionnalisation pour leurs enfants.
Sources :
Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).
Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.). (1997).
Sources:
D'Artois Gauthier. (2004).
Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)
Selon madame Dany Després, la désinstitutionnalisation, qui a commencé après l’ère duplessiste, dans les années soixante, a eu une très grande influence dans la lutte des parents d’enfants handicapés. La désinstitutionnalisation consistait à privilégier le milieu familial au placement en institution. Cette idéologie est, en soi, très louable. Toutefois, comme le mentionnait madame Després, les familles se retrouvaient avec leur enfant sans aucun service à leur disposition. Selon elle, la cause de la lutte des parents est grandement liée à ce phénomène. Les parents se retrouvaient devant un trou de service qu’ils ont voulu combler en créant l’Atelier Occupationnel.
Toujours à partir de l’entrevue effectuée avec Madame Dany Després, voici les principaux acteurs présents pendant la lutte des parents.
o Vital Després : cofondateur;
o Jean-Paul Leblond : cofondateur;
o Les parents d’enfants handicapés;
o Les personnes présentant un handicap intellectuel et/ou physique;
o Les bénévoles;
o L’école Sainte-Anne;
o Les églises de la paroisse;
o La gens de la communauté;
o Les premiers employés;
o Les institutions de placement;
o Les gens d’affaires (contacts partenaires);
o Les médias de la région (journaux, radio, télévision (téléthons);
o Quelques personnalités connues (téléthons);
o Les entreprises locales;
o Le gouvernement, dont le ministère des Affaires sociales (à l’époque) et l’Agence régionale de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches;
Source:
Després, D. (2014, 10 février).
Source:
Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009)
Sources:
Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).
D'Artois Gauthier. (2004).
Després. (2014, 10 février).
Vaugeois. (2014, 22 janvier)
L’Atelier occupationnel Rive-Sud vise, par le travail, l’intégration des personnes handicapées intellectuellement et/ou physiquement. Les activités de l’organisme sont orientées vers les objectifs suivants :
oLa personne joue un rôle actif en s’intégrant dans les activités économiques de l’organisme;
o Par le travail, la personne développe son autonomie, sa prise de responsabilités, son estime de soi;
o Offrir à la personne un travail adapté à ses capacités;
o Valoriser l’entraide;
o La personne développe des habiletés et des compétences de travail et sociales;
o Offrir des services compétitifs de qualité aux entreprises locales;
o Réinvestir tous les profits au bénéfice de l’organisme.
o Ensachage et mise en boîte
o Étiquetage de toutes sortes
o Préparation à la facturation
o Préparation et envoi postal
o Assemblage, pliage, coupe, insertion et emballage
divers
o Montage divers et plusieurs types de travail à la
chaîne
o Publipostage hebdomadaire, mensuel ou
ponctuel
o Ensachage d’accessoires à repas clé en
main
o Recyclage des livres en fin de vie, récupération et
transformation du papier livre
Historiquement, l'Atelier a une préférence à offrir des services aux
personnes ayant une déficience intellectuelle. Cependant, bien que la déficience intellectuelle soit généralement priorisée, plusieurs types de clientèle sont acceptés : déficience physique,
santé mentale ainsi qu'une mixité de diagnostic. Tout dépend de la capacité de travail et de la personnalité des individus.
L'Atelier compte près de 56 travailleurs. Selon Claude Vaugeois, directeur de l'organisme, près de 50% d'entre eux vivent en famille d'accueil, l'autre partie vivant encore dans leur famille naturelle. La grande majorité reçoivent des prestations d'aide sociale, et l'Atelier est surtout une occasion pour eux d'acquérir de nouvelles compétences et de fréquenter un milieu de travail adapté et valorisant. Les horaires de travail sont adaptés en fonction des besoins et des capacités des travailleurs. Chaque jour, près de 40 travailleurs sont présents à l'Atelier afin d'effectuer les tâches quotidiennes.
Processus de sélection des travailleurs
Un comité d'admission est responsable de faire la sélection. Un formulaire est à remplir par les parents ou la famille d'accueil afin
de décrire les forces et limites de leur enfant. Ensuite, l'intervenant de la personne vient rencontrer l'équipe du comité d'admission. C'est à ce moment que l'on détermine si la personne pourra
bien s'adapter au milieu de travail ou non.
Le critère majeur afin de pouvoir travailler à l'Atelier est le comportement : la personne doit pouvoir vivre, fonctionner en groupe et contrôler son comportement de façon autonome.
Sources:
Vaugeois, C. (2014, 22 janvier)
Rapport annuel de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2012-2013).
Store Vénitiens Manufacturiers inc.
http://www.storesvenitiens.ca/
625 des Calfats, Lévis, QC G6V 9E7
(418) 837-2453
Abrasifs JJS
900 Chemin Olivier, Lévis, QC G7A 2N1
(418) 836-0557
Cycles Lambert
http://www.cycleslambert.com/sites/fr/Enterprise%20Portal/ConsumerHome.aspx?WCMP=cl
|
1000 des Riveurs, Lévis, QC G6V 7M5 (418) 835-1685
|
«À cause de son handicap, les occasions de socialiser sont limitées. À l'Atelier, c'est une famille pour lui et les autres aussi. Ça brise sa solitude. Paul est heureux de venir ici. Il y a pris de l'autonomie. Ça l'aide beaucoup pour la vie en appartement aussi»
«S'il a 15 jours de vacances, il a hâte de revenir. Ses amis sont ici. C'est une petite famille en réalité. Il ne serait pas capable de se passer de l'Atelier. Il s'ennuierait énormément»
«Elles ont comme une fierté de travailler, une fierté de se sentir utile. Même si les
montants gagnés ne sont pas élevés, la fierté à quelque part est là. Il y a une dimension où on leur donne la chance de pouvoir faire quelque chose d'utile»
Sources :
Rapport annuel de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2012-2013).
Vaugeois, C. (2014, 22 janvier).
Il semble primordial de reprendre certains concepts décrits plus tôt et de faire le pont entre la théorie et la pratique. Voici donc un tableau présentant les points considérés comme importants :
Économie sociale |
Atelier Occupationnel Rive-Sud |
Explications supplémentaires |
Activités économiques productrices de biens ou de services |
Services offerts aux entreprises : récupération de papier, ensachage, étiquetage, préparation postale, classement, assemblage, facturation, publipostage et/ou préparation d’accessoires personnalisés, etc. |
Ainsi, l’entreprise offre ses services à la collectivité pour réaliser certaines tâches. |
Également dans la lignée des services sociaux et de la santé |
Miser sur l’intégration, par le biais de l’emploi, de personnes adultes ayant une déficience intellectuelle |
Ainsi, en raison d’un trou de service, l’organisme répond aux besoins des personnes ayant une déficience intellectuelle et de leur famille en offrant un milieu de travail adapté, où toutes les personnes peuvent se réaliser à leur plein potentiel. Cette entreprise pallie donc le manque de services spécifiques de la part du public et du privé. |
Finalité de service aux membres ou/et à la communauté (pas une finalité de profit) |
Insertion au milieu de travail (accueillir des personnes qui ont un accès difficile au milieu de travail); Service aux proches des personnes ayant une |
L’Atelier rend service à ses membres et à la communauté. En effet, l’organisme utilise des activités économiques et aide les entreprises de la région dans diverses |
|
déficience intellectuelle pour pallier le trou de service; Offrir des services aux entreprises de la région |
tâches, mais il permet également l’inclusion sociale sur le plan de l’emploi en plus d’un milieu sécuritaire et normalisant. |
À partir d’engagements citoyens – au service d’un projet collectif et non d’un projet conduit par une seule personne dans son intérêt propre |
En 1969, il y a eu une lutte de la part des parents de personnes ayant une déficience intellectuelle à la suite de la désinstitutionnalisation. |
Un service a donc été développé pour aider les familles de la région. Il y a eu une mobilisation de divers acteurs dans le but de supporter un projet collectif pour le mieux-être des familles de la région et de la région en général, car l’acceptation passe par le travail. |
Intervient pour répondre à des besoins délaissés par les services publics et les entreprises privées. |
Trou de service pour les adultes ayant une déficience intellectuelle; Œuvre pour les personnes qui ne peuvent avoir un emploi « régulier ». |
En effet, comme démontré auparavant, la désinstitutionnalisation a obligé la société à revoir autrement ses services. Toutefois, la réorganisation a laissé ce que l’on appelle des « trous de services » et c’est le cas pour les adultes ayant une déficience intellectuelle. |
Secteur économique à part entière qui œuvre sur le marché, mais avec ses principes propres |
L’entreprise fait face aux aléas économiques comme la dernière crise économique; Offre des services en échange de rémunération; Adaptation des conditions de travail des travailleurs, selon des principes propres à ce genre d’entreprise (revenu symbolique de 5 $/jour, horaires et tâches adaptés à la personne) |
Bien que l’entreprise évolue dans un contexte économique et qu’elle vive également des limites lors d’une crise économique (en raison de la baisse de consommation), il est nécessaire de spécifier qu’elle peut adapter les conditions de travail de ses employés, dans une optique d’insertion et d’économie sociale.
|
Les différents acteurs dans l’économie sociale, plus précisément pour le cas spécifique de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud
- Les parents et l’entourage des personnes qui nécessitent une aide supplémentaire;
- Les personnes qui bénéficient des services de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud, c’est-à-dire les personnes ayant une déficience intellectuelle ou physique ou encore une problématique de santé mentale;
- Les entreprises, que ce soit en partenariat avec l’Atelier Occupationnel Rive-Sud ou celles qui bénéficient de leurs services;
- Les employés et les bénévoles qui travaillent dans l’entreprise d’économie sociale;
- Les acteurs qui offrent du financement, comme c’est le cas des Caisses Populaires ou de Centraide;
- Les milieux publics ou entreprises privées de la région, plus précisément le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI) pour le cas présenté;
- Les divers intervenants, qu’ils travaillent pour l’organisme (ou en collaboration avec celui-ci) ou qu’ils recommandent des personnes à l’Atelier Occupationnel Rive-Sud;
- La population en général, que ce soit les gens qui supportent actuellement l’Atelier, qui croient en l’économie sociale, qui s’y opposent ou encore le fait que l’Atelier soit né d’une mobilisation citoyenne;
- Les agences de la santé et des services sociaux;
- Les villes, dans ce cas, la Ville de Lévis;
- Les organismes communautaires;
- Les instances de pouvoir, comme les gouvernements.
Le taux de personnes ayant une « incapacité » varie entre 8 % et 15 % (Jetté & Shields [dir.],2010).Il s’agit donc d’un pourcentage important de Québécois. Évidemment, les âges de ces personnes varient en plus de la sévérité des « incapacités ». Toutefois, puisque le réseau public ne peut répondre à tous les besoins et qu’il y a des trous de services, majoritairement pour les adultes de plus de 21 ans, il semble évident que l’économie sociale joue un rôle important dans les régions.
Au Québec, près de 550 organismes du secteur de l'économie sociale oeuvrent auprès de personnes ayant une déficience intellectuelle, et ce, dans des champs d'activités variés. Ils interviennent principalement dans trois champs d’activité : les activités sociales et de loisir, le soutien psychosocial et le soutien à l’intégration sociale et les services de soutien aux familles. En plus de ces trois champs d’activités principaux, les organismes du secteur de l’économie sociale jouent un rôle important dans les services de transport adapté et les services de travail adapté. On notera au passage que, globalement, les entreprises adaptées accueillent beaucoup plus de personnes ayant une déficience intellectuelle que de personnes ayant une déficience physique.
Entre autres, mentionnons que dans un contexte de centralisation des services en plus du désengagement de l’État, l’économie sociale offre des services de qualité et à proximité. De même, l’économie sociale offre la possibilité aux personnes ayant une déficience intellectuelle de s’intégrer « normalement » dans notre société, car une grande partie de la valorisation passe actuellement par le travail. En misant autant sur l’économie que sur le social, ce type d’entreprise est généralement accepté et fait travailler des personnes qui ne le pourraient pas autrement.
Également, l’économie sociale engendre « des puissances civiques, sociales et économiques ». Nous en déduisons l’importance de l’économie sociale pour des personnes qui sont habituellement exclues des activités économiques. Il est possible de présumer qu’inclure des personnes « différentes » sur le marché du travail permet une visibilité pour ces personnes et pour leurs conditions et ainsi le développement de services connexes.
Avec le secteur privé et le réseau familial, le secteur de l'économie sociale fait d'ailleurs partie des 3 acteurs principaux qui participent à l'amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes d'une limitation fonctionnelle.
De plus, ils jouent un rôle différent que celui des établissements publics, car ils représentent souvent une source de répit et d'information pour les parents, ainsi qu'un lieu d'entraide.
Finalement, notons l’impact de l’économie sociale sur l’employabilité des personnes ayant une déficience intellectuelle en plus du fait que l’économie sociale peut répondre à des besoins non comblés autrement.
Sources :
Proulx, J., Dumais, L., Caillouette, J., & Vaillancourt, Y. (2007).
Jetté & Shields (dir.). (2010).
Atelier Occupationnel Rive-Sud. (2013). Rapport annuel 2012-2013. Document distribué lors de l'entrevue avec C. Vaugeois, 22 janvier 2014.
Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudière-Appalaches. (2009).1999-2009 : Dix ans d’histoire du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de Chaudières-Appalaches. Document pdf. Éditions CRDICA, Québec, 48 p. Repéré à http://www.crditedca.com/fileadmin/CRDICA/A_propos_de_nous/publications/livre_web.pdf
D’Artois Gauthier, Denis. (2004). « Les principales perceptions sociohistoriques des personnes ayant une déficience intellectuelle : Analyse de leurs signifiances éthiques ». Mémoire de maîtrise, Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski. 243p.
Després, D. (2014, 10 février). Entrevue avec Dany Després; fille du fondateur de l'Atelier Occupationnel Rive-Sud. Lévis, Québec.
Dorvil, H., Guttman, H.A., Ricard, N., Villeneuve, A. (dir.) (1997). Défis de la reconfiguration des services de santé mentale: pour une réponse efficace et efficiente aux besoins des personnes atteintes de troubles mentaux graves. Québec, Québec : Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux. Repéré à http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/0/d1251d29af46beec85256753004b0df7/$FILE/97_155co.pdf
Jetté, C., & Shields, G. (dir.) (2010). Le développement de l’économie sociale au Québec : Territoires et interventions. Anjou, Québec : Éditions Saint-Martin.
Proulx, J., Dumais, L., Caillouette, J., & Vaillancourt, Y. (2007). Les services aux personnes ayant des incapacités au Québec–Rôle des acteurs et dynamiques régionales. Cahier de l’ARUC-ÉS Cahier No : C-06-2007. Repéré à http://larepps.uqam.ca/Page/Document/pdf_insertion/cahier06_12.pdf
Tremblay, M., Tremblay, P.-A., & Tremblay, S. (dir.) (2002). Développement local, économie sociale et démocratie. Québec, Québec : Les Presses de l’Université du Québec.
Vaugeois, C. (2014, 22 janvier). Entrevue avec Claude Vaugeois directeur de l’Atelier Occupationnel Rive-Sud. Lévis, Québec.