Cacouna et son port: une lutte environnementale


Présenté par Catherine Côté, Katerine Deslauriers et Shannon Gilbert

http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/11/07/003-sondage-npd-cacouna-projet-transcanada.shtml


Mise en contexte


Cacouna, village situé près de Rivière-du-Loup, tire son nom de la langue algonquine ou cris. Autrefois, les autochtones étaient nombreux à occuper ce territoire. À la suite de l’arrivée des blancs et de l’apparition de maladies, cette population a malheureusement énormément diminué avec les années. À la fin du 19e siècle, les riches familles anglophones de Montréal et de Toronto venaient alors construire des maisons d’été luxueuses afin d’y passer leurs vacances. Ce tourisme a été bénéfique pour la population locale puisque les anglophones permettaient à la population d’avoir du travail. À la suite de la dépression des années 1930, les anglophones ont tranquillement délaissé le village laissant ainsi leurs maisons luxueuses. Aujourd’hui, Cacouna est constitué par 1800 habitants et demeure tout de même un village très touristique. En effet, nous pouvons observer quelques-unes des maisons luxueuses d’autrefois et admirer la biodiversité, notamment par l’observation des bélugas. 

Sources des images:

http://www.patrimoine.bassaintlaurent.ca/villages/cacouna, http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/407895/transportp, http://www.parcbasstlaurent.com/kiskotuk/accueil/, http://www.cima.ca/cgi-cs/cs.waframe.content?click=171261&lang=1&singlepagepopup=1

Le Bas-Saint-Laurent est une région reconnue pour sa biodiversité. Cette région est d'ailleurs appréciée des touristes puisqu'elle regorge d'activités récréotouristiques. Il est notamment possible d'observer dans leur état naturel des bélugas, une espèce en voie de disparition. Au 19e siècle, la population de bélugas dans l'estuaire du Saint-Laurent atteignait plus de 10 000 individus. Avec l'autorisation du gouvernement à l'époque, les gens étaient encouragés à chasser les bélugas puisqu'ils représentaient une menace pour la pêche commerciale. Malheureusement, puisque les bélugas n'ont qu'un petit tous les trois ans et que le fleuve est de plus en plus pollué, l’espèce n'a jamais réussi à se reproduire suffisamment. De plus, les bélugas atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de 8 ans et la période de gestation dure entre 12 et 15 mois.  Aujourd'hui, le Saint-Laurent compte environ 1000 bélugas et ceux-ci ont choisi les eaux de Cacouna pour mettre bas. Par ailleurs, il est constaté que le moindre changement ou dérangement dans le milieu des bélugas peut entraîner un stress énorme provoquant de graves conséquences sur ces mammifères.

Historique du Port de cacouna

Le port Gros-Cacouna est un projet qui a été abordé pour la première fois dans la fin des années 1800 par le premier ministre Sir Laurier. Malgré l’intérêt général pour cette idée, il s’agissait d’une proposition qui n'a été ramenée sur la table que dans les années 1956. Ils ont, à ce moment, réalisé qu’il s’agissait effectivement d’un plan très important dans le développement régional de Cacouna et cette période est marquée par le début des actions plus concrètes afin de mener à terme ce projet de port en eau profonde.

Trois mégas projets ont été proposés pour le port.

  1. Un port pétrolier
  2. Un port méthanier
  3. Un port de transbordement de vrac solide

Le premier, soit un projet de pipeline, fut proposé en 1970, mais a rapidement été refusé en raison des enjeux environnementaux associés à celui-ci. Le second, celui d'un terminus méthanier transporteur de gaz naturel liquéfié provenant de l'Arctique canadien, était un projet globalement très intéressant pour la communauté. Ce projet pilote a toutefois été arrêté en raison des trop faibles retombées par rapport aux prévisions. L'option de port de transbordement a été amenée par Monsieur Misener, qui créa la corporation Havre-Champlain. Selon les plans, le port s'étalerait sur plusieurs phases qui ont été planifiées après d'importantes recherches faites par l'homme d'affaires. Presque dix ans ont dû s'écouler avant que le projet soit accepté par notre gouvernement malgré sa très faible implication économique et le désir de la population. Le projet est finalement concrétisé et 198 marque l'ouverture officielle du nouveau port de Cacouna.  

Source de l'image: http://www.cima.ca/cgi-cs/cs.waframe.content?click=171261&lang=1&singlepagepopup=1

Trois principales manifestations ont eu lieu avant même l’ouverture du port. La première, le 26 avril 1959, avait pour objectif d’attirer l’attention des médias afin de dénoncer la lenteur du projet. Elle s'est réalisée conjointement à deux endroits, soit Rivière-du-Loup et Edmonton. La seconde, en 1962, s'est manifestée par un regroupement devant le parlement d'Ottawa et poursuivait les mêmes finalités que la première. Durant la dernière, en 1975,  la population réclame une prise de décision quant à l'avenir du port, ce que le gouvernement ignore encore une fois. Ces mobilisations ont sans doute favorisé l’action si nous prenons l’exemple de la première manifestation qui a donné suite à des recherches plus pointues sur les coûts associés à la fabrication des quais ou sur les conditions des glaces fluviales.

Aujourd'hui, le port Gros-Cacouna appartient au groupe corporatif Arrimage Québec et assure, entre autres, le transbordement de pièces éoliennes, de produits forestiers et de bois de sciage. Il compte deux quais en eau profonde accessibles à l'année et offre des services de manutention ainsi que l'entreposage intérieur ou extérieur. Une expansion est toujours envisageable, cependant, la complexité des enjeux soulevés par les projets rend les développements difficiles. Nous allons d'ailleurs le remarquer avec le projet qu'a proposé la compagnie TransCanada.

TransCanada, un projet ambitieux

TransCanada a proposé le projet d'oléoduc Énergie Est en 2013, soit la création d’un pipeline permettant le passage de 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’ouest du Canada, soit de l’Alberta et de la Saskatchewan, jusqu’aux raffineries de l’est du pays. Cette construction, de plus de 4 600 kilomètres de long qui passeraient par le fleuve, implique la transformation d’oléoducs existants en pipeline, mais aussi la fabrication de plus de six pipelines, entre autres, dans l’est de l’Ontario, au Québec au Nouveau-Brunswick, en plus de la construction d’installations connexes permettant le pompage ou le stockage du pétrole brut. Comme nous allons le voir, l’implantation de ce projet entraînerait de nombreuses répercussions sur le territoire de Cacouna et soulève d’importantes questions notamment sur le plan environnemental. Énergie Est implique la création d’un méga port pétrolier à Cacouna, et ce, directement dans la pouponnière des bélugas. Une fois le port construit de quatre à cinq navires pétroliers seraient invités à voyager par le courant maritime et à s’arrêter à Cacouna. 

 

Source de l'image: http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/09/10/013-transcanada-cacouna-forage-energie-est.shtml


Cacouna et le Québec se mobilisent


Plusieurs citoyens de Cacouna et de partout dans le Québec se sont dressés contre le Projet Énergie Est de TransCanada. Les risques encourus par un tel projet sont, selon eux, inacceptables. De plus, les bénéfices promis par la compagnie mère du projet sont minimes pour la communauté et ne servent que les intérêts de la compagnie et de ses alliés. Comment faire pour rallier les gens autour de la lutte à ce projet? Par où commencer? Que fait-on? Avec qui? Et surtout pour qui?

 


C’est pendant les mois d’octobre à novembre 2013 que le projet commença à s’ébruiter. TransCanada confirme son désir d’implanter un port pétrolier d’une taille presque jamais vue au Québec dans un secteur comme celui visé. Tranquillement, les voix contre le projet commencent à s’élever. Plusieurs groupes environnementalistes se prononcent sur le sujet et invitent la population à s’indigner. Les Pétroliques Anonymes, Non à une Marée Noire dans le Saint-Laurent, et Nature Québec sont quelques-uns des groupes qui ont commencé la vague de protestation. Leur but : rallier la population de Cacouna ainsi que celle de tout le Québec afin de mettre fin à ce projet. 

On en parle. On s'indigne. On se regroupe.

Maintenant que le projet est sur la table, les voix contre se lèvent. Comme il s'agit d'un mouvement social de type désorganisé, aucun nom n'y est vraiment associé. Plusieurs groupes environnementaux se concertent et décident de se rallier afin de mener des actions contre ce projet. À la suite du dévoilement du projet, de petites actions se mettent en branle. Pétition, comité d'action réunissant plusieurs groupes, création d'un comité citoyen pour réfléchir à la question. Tous s'entendent sur un point. Le projet Énergie Est est inacceptable dans son ensemble, le port pétrolier prévu à Cacouna est inconcevable pour la faune et la flore. La position des groupes est claire: «Dans le moment, on axe nos interventions pour abolir l'implantation du port pétrolier. À long terme, on étend nos actions contre le projet dans son ensemble.»

Première offensive de la part des citoyens : Une manifestation

Source de l'image: http://www.infodimanche.com/actualites/actualite/211131/transcanada-fera-connaitre-ses-intentions-a-cacouna-dici-le-31-mars

Comme TransCanada a déjà commencé le forage dans le fleuve Saint-Laurent, les différents groupes environnementaux passent à l’attaque. Il est grand temps d’agir, selon eux, pour sauver le fleuve. Le 27 avril s’est déroulée une manifestation contre le projet de Cacouna. Organisée à seulement quelques jours d’avance, l’événement regroupe près de 400 personnes, ce qui est très encourageant pour les différents groupes. Citoyens de Cacouna, citoyens d’ailleurs dans la province ainsi que dix groupes régionaux et nationaux de défense de l’environnement se rejoignent à Cacouna dans le but dire non à ce projet et au déroulement du forage qui est en cours. Comme pour la plupart des mouvements actuels, les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans l'organisation de cet événement. C'est grâce à eux que les différents acteurs responsables de la manifestation ont pu rejoindre un bon nombre de personnes à quelques jours de l'événement. Cette protestation de la population n'aura pas d'impacts concrets sur les travaux en cours, mais la tension créée par ces derniers commence à se faire sentir. 

Pas de port à Cacouna, pas de pipeline sur notre territoire en entier

Le 10 mai est la journée du lancement de la Marche des Peuples pour la Terre Mère à Cacouna. Cette action n'est pas une mobilisation propre au mouvement qui se déroule à Cacouna, mais elle s'inscrit dans la même lignée. Des centaines de citoyens commencent une marche en direction du Nouveau-Brunswick pour dénoncer le projet de TransCanada. Ce groupe de personnes réunies revendique l'abolition complète du projet Énergie Est, soit la création du port pétrolier et l'établissement du pipeline sur l'ensemble du territoire québécois. Les marcheurs vont suivre le trajet proposé par TransCanada pour leur pipeline en partant de Cacouna pour se rendre au Nouveau-Brunswick. Un peu plus d'un mois leur sera nécessaire afin d'atteindre leur but. La marche fut suffisamment médiatisée pour faire parler d'elle. La pression se fait de plus en plus forte sur TransCanada. 

Source de l'image: http://www.equiterre.org/actualite/la-marche-des-peuples-pour-la-terre-mere-tire-a-sa-fin%E2%80%A6

Manifestons de nouveau

Source de l'image: http://www.roymaj.com/pages/sectionphoto/fleuve_cacouna_belugas_13.html

Après un arrêt des travaux à la suite des différentes pressions exercées par la population de Cacouna et du Québec entier, TransCanada recommence le forage en proposant un nouveau protocole qu'il dit respectueux des bélugas. Loin de croire à cette affirmation, des militants décident d'aller faire de l'observation en kayak. Leurs craintes sont fondées. Les travaux sont beaucoup plus bruyants qu'annoncés et des navires se promènent alors que des groupes de rorquals communs et de bélugas sont à proximité. Forts des images filmées lors de ces vigiles, les groupes environnementaux qui dirigent la mobilisation à Cacouna réussissent à faire un coup médiatique avec ces enregistrements. TransCanada va se voir forcée d'arrêter ses travaux. Les injonctions s'accumulent et les travaux sont en arrêt forcé jusqu'à la mi-octobre.

 

L'Été se passe dans le calme et octobre arrive bien vite, ce qui signifie la reprise des travaux par TransCanada. Il n'en fallait pas plus pour qu'une nouvelle manifestation s'organise en vitesse. Cette dernière va se dérouler le 11 octobre 2014. De nombreuses personnalités publiques sont sur place pour décrier le projet de TransCanada. La prochaine vidéo vous présente d'ailleurs plusieurs allocutions tenues lors de cet événement. 

Source du vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=70eQUgI_ucw

La vidéo suivante vous présente également des moments de la manifestation d'octobre. Cette fois-ci, la méthode utilisée nous donne un point de vue davantage citoyen de cette journée. 

Source du vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=iTISfpLH8WA

Cette dernière manifestation aura été un grand coup porté à TransCanada. Vu les pressions grandissantes et le non-respect de plusieurs normes environnementales, le gouvernement du Québec force TransCanada à cesser ses travaux immédiatement. Il leur demande de mettre en place un protocole plus serré qui va respecter l'environnement particulier de Cacouna. La compagnie canadienne se penchera par la suite quelques mois sur les demandes du gouvernement.

Au mois de novembre, TransCanada va faire une erreur qui va lui coûter cher. Une fuite dans son plan de marketing va renforcer l'image négative de la compagnie. On peut, entre autres,  y lire que pour faire accepter le projet de Cacouna, il serait bien de miser sur l'accident de Lac-Mégantic en présentant le transport maritime du pétrole comme étant plus sécuritaire. Le plan de marketing mentionnait aussi une consultation publique sous forme de kiosques, pour ne pas permettre aux citoyens «d'attaquer» la compagnie en masse mais plutôt de les isoler. Cette consultation a d'ailleurs eu lieu et elle a été vivement critiquée.

 

Le 2 avril 2015, TransCanada a annoncé qu’elle modifiait la portée du projet d'oléoduc Énergie Est au Québec. En effet, dans un communiqué, l’entreprise a pris la décision de ne pas aller de l’avant dans ce projet de construction. Puisque les bélugas sont en voie de disparition et qu’un tel projet aurait des impacts significatifs sur cette espèce, l’entreprise a décidé d’écouter les recommandations qui leur avaient été transmises. TransCanada a relaté l’importance qu’elle accorde à l’environnement et aux communautés concernées. De ce fait, elle examine maintenant d’éventuelles options alternatives pour ce projet puisque, selon elle, les Canadiens ont tout de même le droit de bénéficier d’un approvisionnement domestique en pétrole brut.


Source des images: http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201409/12/01-4799681-forages-a-cacouna-le-npd-obtient-une-reunion-du-comite-des-peches.php, http://www.journalensemble.coop/article/2014/09/porteurs-de-petrole/704

Une petite victoire dans une grande bataille.

Une grande victoire dans un petit village. 

Une lutte citoyenne, plusieurs actions de concert

Les dernières lignes vous ont renseigné sur les différentes actions citoyennes qui ont eu lieu dans le cadre de cette lutte. Toutefois, en plus de l'implication des citoyens, différentes actions ont été effectuées dans une optique plus juridique pour bloquer le projet du port pétrolier. Un total de trois injonctions ont été déposées contre TransCanada pour le non-respect des procédures requises. Si la première et la dernière ont été en faveur des militants, la deuxième n'a pas donné de résultat. Malgré tout, les deux arrêts forcés des travaux ont permis aux militants de penser à leur stratégie d'action et de concerter leurs actions. De plus, un certain flou au niveau gouvernemental s'est fait sentir tout au long des procédures. Ni le gouvernement fédéral ni le gouvernement provincial ne se disaient en capacité d'agir contre TransCanada. Les deux mentionnaient que ce dossier n'était pas de leur juridiction. Ce flou a permis à TransCanada de poser plusieurs actions sans avoir personne pour encadrer leurs démarches. Cette situation a bien sur été en défaveur des militants puisque personne ne semblait en mesure d'agir auprès de TransCanada. 

Chronologie

Afin de vous aider à situer les différentes actions nommées précedemment dans le temps, nous vous proposons un petit récapitulatif qui inclus les dates des différents moments clés dans la lutte contre le port pétrolier. 

  • Été 2013 : TransCanada présente son projet d’oléoduc Énergie Est.
  • 12 novembre 2013 : TransCanada veut implanter un terminal maritime à Cacouna.
  • 26 novembre 2013 : TransCanada promet la prudence.
  • 4 décembre 2013 : La population se mobilise contre TransCanada.
  • 26 avril 2014 : TransCanada est autorisée à forer.
  • 10 mai 2014: Départ de la Marche des Peuples.
  • 23 mai 2014 : TransCanada suspend ses travaux de forage à Cacouna.
  • 23 août 2014 : Les travaux géotechniques vont de l’avant.
  • 2 septembre 2014 : La cour supérieure rejette la demande d’injonction des groupes environnementaux.
  • 18 septembre 2014 : Les groupes environnementaux de nouveau devant la cour.
  • 23 septembre 2014 : La cour supérieure ordonne l’arrêt des travaux à Cacouna.
  • 12 octobre 2014 : Manifestation contre la reprise des travaux dans le fleuve.
  • 16 octobre 2014 : TransCanada a dépassé les niveaux de bruit lors des forages de l’automne; le ministère de l’Environnement demande un nouveau plan de travail.
  • 30 octobre 2014 : TransCanada dépose son projet oléoduc Énergie Est à l’Office national de l’énergie.
  • 18 novembre 2014 : La stratégie de TransCanada pour l’acceptation du projet de port pétrolier à Cacouna est révélée au public.
  • 20 novembre 2014 : Le gouvernement québécois pose ses conditions à TransCanada.
  • 23 novembre 2014 : Gabriel Nadeau-Dubois verse sa bourse de 25 000 $ en opposition au projet de port pétrolier de TransCanada.
  • 24 novembre 2014 : Plusieurs québécois s’opposent au projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada.
  • 28 novembre 2014 : Plus de forages possibles cet automne
  • 2 décembre 2014 : TransCanada dit arrêter ses travaux à Cacouna suite à la révision du statut du béluga du Saint-Laurent.
  • 3 décembre 2014 : Le  Premier Ministre Philippe Couillard croit que TransCanada devrait renoncer à son projet de port pétrolier à Cacouna et les autres sites alternatifs.
  • 3 février 2015 : L’étude environnementale du projet est toujours en attente
  • 2 avril 2015 : TransCanada confirme qu’il n’y aura pas de terminal maritime à Cacouna.

 


Analyser pour bien comprendre


Dans cette prochaine section, nous vous proposons une analyse des différentes composantes du mouvement environnementaliste qu'a vécu Cacouna. Afin de bien comprendre l'essence des événements qui ont eu lieu, il est important d'analyser les différents aspects du mouvement. 

Les acteurs

Citoyens: Les citoyens sont bien sur des acteurs de premier plan dans ce mouvement. Ils représentent la force du groupe. Divisé par le passé au sujet du port, les citoyens de Cacouna se sont tout de même révélé en défaveur du projet à 65% selon un sondage effectué par le NPD.


Groupes environnementaux: De très nombreux groupes se sont ralliés à cette cause. On en compte plus d'une vingtaine. Ils représentent une voie importante dans ce mouvement en raison de leur expérience dans de telles luttes.

Acteurs politiques: Conseil municipal de Cacouna, députés provincial et fédéral et décideurs au gouvernement sont tous des acteurs politiques que nous avons regroupés ensemble. Ils représentent une partie du pouvoir dans cette lutte étant les seuls à avoir un pouvoir d'action directe sur les activités de TransCanada. 

TransCanada: Également acteur de premier plan, TransCanada est une entreprise qui a de nombreux lobbyistes au gouvernement. 

Arrimage Québec: Les gestionnaires du port de Cacouna sont, eux aussi, des acteurs de premier plan, un développement du port irait en leur faveur. 

Médias: Ayant une forte influence, les médias ont joué un rôle crucial à certains moments. Le reflet qu'ils donnent de la situation teinte énormément l'opinion public. 

Propriétaires d'entreprises privées: En faveur du développement économique du village, les propriétaires peuvent avoir une influence considérable sur le conseil municipal. Il en va de même pour les propriétaires ayant une plus grande conscience environnementale. 


Cette liste d'acteurs ne se veut pas exhaustive. Elle présente seulement les principaux acteurs regroupés en catégories assez larges. L'important est de retenir que plusieurs groupes/personnes peuvent exercer des forces sur plusieurs autres groupes/personnes. Comprendre cette dynamique aide à mieux saisir les différentes influences présentes dans l'histoire de cas de Cacouna. Un exemple concret est lorsque les groupes environnementaux ont réussi à faire médiatiser à grande portée les images de TransCanada qui ne respectait pas les normes. Ainsi, les médias ont eu une influence à la fois sur l'opinion des citoyens, mais ils ont aussi exercé une pression sur les différents acteurs politiques. 

Les forces en présences

Différentes forces sont en présence dans l'histoire de cas de Cacouna. Ces forces viennent bien sûr interagir sur les différentes actions posées à la fois par les manifestants et par les dirigeants. 

 

Capitaliste: Cette idéologie encourage le développement du projet sous l'angle du profit en regardant l'avantage de faire circuler le pétrole dans l'ensemble du Canada et des emplois créés par celui-ci en écartant la question des risques environnementaux encourus par le projet. 

 

Néolibéralisme: Ayant comme adage premier la privatisation et l'implication minime du gouvernement, l'idéologie néolibéraliste s’inscrit dans la lignée de ce projet.  

 

Protection de l'environnement: À l'origine du soulèvement des militants, la protection de l'environnement agit comme principal frein au projet puisque celui-ci aurait plusieurs conséquences sur l'écosystème comme nous l'avons vu, et pourrait occasionner des complications en cas de déversement par exemple. 

 

Développement de la communauté: Cette force explique le fait qu'une partie de la population ne se soit pas jointe à la mobilisation. Le projet de port pétrolier contribuerait au développement de la communauté en créant, entre autres, des emplois. 

 

Contexte gouvernemental actuel: Les mesures d'austérité actuelles peuvent avoir contribué au désir de mobilisation de la population, comme d'un autre côté, avoir encouragé le désir de favoriser le développement local pour les habitants. 

Façonnement du territoire

Lorsque nous nous demandons comment le mouvement environnemental a façonné la région, nous pouvons d’abord regarder l’ensemble des sacrifices que la population a faits afin de préserver leur écosystème. L’historique de la région peut d’ailleurs expliquer l’insistance de certains acteurs à préserver la faune et la flore, surtout en regard à l’ampleur des conséquences que le projet Énergie Est pourrait avoir sur la population de bélugas qui est une espèce menacée. Les impacts économiques de ces décisions peuvent, à l’inverse, expliquer les intérêts des gens qui souhaitent l’implantation du projet, ou qui restent neutres vis-à-vis celui-ci. Il s’agit d’un enjeu qui soulève la question de la qualité de vie de la population, puisqu'un tel projet créerait, selon TransCanada, plusieurs emplois, versus la protection de l’environnement. Si certains réclament le développement du port, plusieurs s'entêtent à préserver l'écosystème de Cacouna. Une division dans la population se sent d'ailleurs bien à chacun des projets qui sont proposés. Pour un village comme Cacouna, qui est habité par moins de 2000 personnes, une telle division se fait énormément sentir. 

Liens avec le Travail Social 

En travail social, la centralité de l’environnement est souvent nommée. Le fait de travailler dans une communauté spécifique sous-entend d’ailleurs de s’informer sur sa culture afin de pouvoir comprendre l’ensemble des composantes qui peuvent influer sur leurs décisions. Ici, mieux comprendre l’histoire de ce village nous permet de voir que l’environnement fait partie intégrale des intérêts qu’ils défendent depuis longtemps. Par contre, de l’autre côté, la population n’en peut plus d’attendre après l’implantation d’un projet d’envergure pour le port Gros-Cacouna. Dans l’évaluation des besoins d’une population, une compréhension des tensions en lien avec un mouvement social est nécessaire puisqu’elle permet d’expliquer les positions partagées de l’ensemble des acteurs, mais aussi d’une petite population qui, comme nous pourrions le croire, devrait pourtant défendre des intérêts communs.   

Références

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