La grande histoire


L’histoire de la lutte des femmes aura connu de nombreux changements depuis les années 1893, où un premier groupe féministe a vu le jour au Québec. Ce groupe fut nommé Montreal Local Council of Women (MLCW). Plusieurs éléments étaient revendiqués par les femmes présentes au sein de ce groupe. Parmi ceux-ci, on retrouve le droit des femmes à exercer n’importe quelle profession, l’égalité des sexes, de meilleures conditions de travail ainsi que l’élimination de discriminations de toutes sortes dans les lieux de travail. Le groupe féministe était associé à deux volets, soit un qui touche l’action sociale et l’autre les revendications féministes (Brodeur, Chartrand, Corriveau, & Valay, 1982).


Après plusieurs années de lutte de la part des femmes, celles-ci obtiennent le droit de vote en 1940. Les femmes ont désormais plus de liberté dans leurs rôles. En 1966, la FFQ fait son apparition. On y retrouve Thérèse Casgrain, Monique Bégin, Simone Chartrand et plusieurs autres femmes. Il y a également deux aspects présents dans cette Fédération, soit l’éducation et la pression. L’objectif de ceux-ci est de faire la promotion de la femme (Brodeur, Chartrand, Corriveau, & Valay, 1982). Un autre moment important pour les femmes aura été le lancement de la Journée internationale des femmes. Officialisé en 1977 par les Nations Unies, ce projet aura vu le jour grâce aux nombreuses luttes des suffragettes et des ouvrières du 20e siècle. Généralement, lors du 8 mars, tous les groupes féministes ainsi que les associations de militantes élaborent des manifestations dans le but de célébrer les nombreux gains acquis par les femmes. De plus, elles continuent aussi de revendiquer leurs droits. Bref, cette journée existe dans le but d’améliorer la situation des femmes, que ce soit dans leurs conditions de vie, de travail, etc. (8 mars info, 2017).


                                                                                              (Perreault, 1995)
(Perreault, 1995)

Suite à de nombreuses luttes et manifestations de la part des femmes, le Québec assiste à un autre évènement important, celui de la Marche mondiale des femmes. L’histoire de la Marche des femmes au Québec a débuté en 1995 avec la Marche « Du pain et des roses ». Celle-ci a vu le jour grâce à Françoise David, qui a été une figure très importante auprès de la Fédération des femmes du Québec (Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), 2016). Elle a été la présidente de cette Fédération de 1994 à 2001 (FFQ, 2012). Pendant dix jours, soit du 26 mai au 4 juin, plusieurs centaines de femmes ont marché sur les routes du Québec pour lutter contre l’exclusion sociale et la pauvreté. Cette Marche s’est terminée à l’Assemblée nationale, où environ 15 000 personnes se sont rassemblées lors de cet évènement. Pendant la Marche, les femmes avaient neuf revendications. Parmi celles-ci, on retrouve une loi sur l’équité salariale, l’augmentation du salaire minimum et la construction de logements sociaux. Cette Marche aura eu des résultats bénéfiques pour le Québec, en plus d’avoir une grande influence sur d’autres évènements. Une augmentation du salaire minimum de 0,45$ de l’heure fut alors observée comme résultat de cette Marche. Le gouvernement a également entrepris d’adopter une loi sur l’équité salariale et le Parti Québécois a mis en place le Chantier de l’économie sociale. Ce Parti politique facilitera aussi l’accessibilité des femmes à des formations professionnelles. Finalement, la Marche des femmes de 1995 sera également à l’origine de l’idée de la Marche mondiale des femmes (FTQ, 2016).

 

Peu après 1995, on voit apparaître un certain réseau féministe à travers le monde entier et en 2000, la naissance de la toute première Marche mondiale des femmes (MMF), un évènement reconnu internationalement et s’étant déroulé du 9 au 14 octobre. Au total, on compte plus de 40 000 personnes ayant participées à celle-ci. Au Québec, elle a été reconnue comme étant la plus grande manifestation féministe. Lors de cette mobilisation, les femmes avaient 21 revendications structurées en quatre blocs différents. Le premier bloc concernait la création de programmes pour contrer la pauvreté ainsi que la violence faite envers les femmes. Ce bloc comprenait également des campagnes d’éducation pour lutter contre la violence, pour reconnaître la possibilité des femmes violentées d’avoir accès à des ressources, l’aménagement de logements sociaux, etc. Le deuxième bloc s’attaquait à la redistribution des richesses pour avoir de meilleures conditions de vie. On retrouvait, à l’intérieur de ce dernier, les allocations familiales, l’imposition fiscale, la hausse du salaire minimum, etc. Un autre bloc parmi les 21 revendications portait sur l’élimination de toute discrimination faite envers les femmes. Finalement, le dernier bloc se penchait sur l’établissement de lois pour faire respecter les droits des femmes. Dans celui-ci, on retrouvait tout ce qui touche la pauvreté, la violence, les normes du travail, etc. (FFQ, 2010). C’est suite à cette toute première Marche mondiale des femmes qu’il fut établi le retour d’une Marche tous les cinq ans (8 mars info, 2017).

La deuxième édition de la Marche fait donc son apparition en 2005. Lors de cette Marche mondiale, les femmes veulent l’adoption de la Charte mondiale des femmes pour l’humanité. Cette Charte comprend cinq revendications en lien avec les valeurs de l’égalité, de la paix, de la solidarité, de la justice et de la liberté. Celle-ci a parcouru 56 territoires et pays (FFQ, 2010). Avant la journée même de la Marche, soit le 7 mai, il y a eu un long processus entourant celle-ci. D’abord, en janvier 2005, il y a eu l’adoption des cinq revendications québécoises à la CQMMF. En février, il y a eu de l’éducation populaire sur les revendications ainsi que sur la Charte. Lors de la Journée internationale des femmes, c’est la publication de la Charte ainsi que ses revendications qui voient le jour. Le mois qui suit s’inscrit également dans une période d’éducation populaire (FTQ, 2016). Le 7 mai aura été la journée de la Marche mondiale, là où il y a eu un rassemblement de plusieurs milliers de personnes devant le Parlement pour l’adoption de la Charte (FFQ, 2010). Les mois suivant ont surtout été de la mobilisation et la continuité de l’éducation populaire. Il y a aussi eu de nombreuses pressions sur les cinq revendications présentes dans la Charte (FTQ, 2016).

 

La troisième Marche mondiale des femmes s’est tenue du 12 au 17 octobre 2010. Pendant ce temps, ce sont plus de 400 actions qui ont été mises sur pied à l’échelle nationale, régionale ou locale. La Marche de 2010 était dans le but de bouleverser les idées de droite ainsi que de s’opposer aux personnes allant à l’encontre des droits des femmes. Ce sont 10 000 personnes qui ont participé à cette Marche en défilant dans les rues de Rimouski. Quatre champs d’action définissaient la Marche de 2010, soit le travail et l’autonomie économique des femmes, le bien commun, la violence et la paix et la démilitarisation (FFQ, 2010). Concernant le premier champ d’action, les femmes revendiquaient surtout l’accessibilité à un emploi convenable grâce à l’augmentation du salaire minimum. Elles souhaitaient également que les personnes assistées sociales aient des conditions de vie agréables. Par le deuxième champ d’action, les femmes ont énoncé qu'elles voudraient qu'un terme soit mis à la privatisation des services publics. De plus, elles rejettent l’augmentation des coûts de ceux-ci. Un autre champ d’action se consacre à la violence faite envers les femmes. Dans celui-ci, les femmes voulaient que le gouvernement du Québec instaure la mise en place de mesures de prévention qui lutteraient contre la violence faite aux femmes. Elles revendiquent aussi les droits sur leurs corps et leurs sexualités. Par exemple, elles veulent le maintien des services gratuits pour l’avortement. Le dernier champ d’action qui définit la Marche de 2010 est la paix et la démilitarisation. Dans ce champ d’action, les femmes ne veulent plus que le gouvernement québécois recrute des militaires dans les établissements d’enseignement du Québec. Pour mieux vivre dans la paix, les femmes demandent aussi au gouvernement du Canada d’arrêter d’envoyer des militaires en Afghanistan et de retirer ceux qui y sont. Finalement, un autre champ d’action se greffe aux quatre autres, soit celui des revendications par les femmes autochtones. Pour celui-ci, les femmes veulent que le pays signe la Déclaration des Nations Unies en ce qui concerne les droits des peuples autochtones (FFQ, 2010).

(Marche mondiale des femmes, 2010)
(Marche mondiale des femmes, 2010)

Références

 

8 mars info. (2017). Le 8 mars célèbre la Journée Internationale des Femmes. Repéré à http://8mars.info/

 

Brodeur, V., G. Chartrand, S., Corriveau, L., & Valay, B. (1982). Le mouvement des femmes au Québec : Étude des groupes montréalais et nationaux. Repéré à http://bv.cdeacf.ca/EA_PDF/2004_11_0500.pdf

 

Fédération des femmes du Québec. (2010). Marche mondiale des femmes. Repéré à http://www.ffq.qc.ca/luttes/marche-mondiale-des-femmes/a-propos/

 

Fédération des femmes du Québec. (2012). Françoise David : un grand bravo! Repéré à http://www.ffq.qc.ca/2012/09/francoise-david-un-grand-bravo/

 

Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. (2016) 1995 : La Marche du Pain et des Roses. Repéré à http://ftq.qc.ca/syndicats-affilies/1995-la-marche-du-pain-et-des-roses/

 

Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. (2016). La Marche mondiale des femmes en 2005. Repéré à http://femmes.ftq.qc.ca/wp-content/uploads/sites/8/ftqimport/245.pdf

 

Marche mondiale des femmes (2010). Marche mondiale des femmes [Image en ligne] Repéré à http://www.chronijacques.qc.ca/2010/08/la-marche-mondiale-des-femmes-2010/

 

Perreault, L-S. (1995). Commémoration samedi de la Marche des femmes «Du pain et des roses» [Image en ligne]. Repéré à http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201506/06/01-4875808-commemoration-samedi-de-la-marche-des-femmes-du-pain-et-des-roses.php


Dans le cadre du cours Forces et mouvements sociaux au Québec

SCH1614, Hiver 2017, Université du Québec à Rimouski, Campus de Lévis

Par Zena Chandler-Riffin, Darlène Dérézil, Marie-Christine Grondin et Lori Roy