Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées


Visées de l'enquête

Tout d’abord, l’Enquête nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées supporte le principe fondamental autochtone : « Nos femmes et nos filles sont sacrées ». (Rapport provisoire, 2017, p.4). Elle a pour visée la cessation de la violence faite envers ces dernières. Celle-ci a veut redonner la place aux femmes autochtones qui leur revient afin qu’elles puissent « « reprendre leur identité, leur culture, leur langue et leur terre » (Rapport provisoire, 2017, p.1). Autrement dit, cette enquête a été mise sur pied pour aider les femmes autochtones à reprendre du pouvoir (Rapport provisoire, 2017, p.3). D’ailleurs, les commissaires qui dirigent l’Enquête nationale ont pour objectif de considérer les causes systémiques responsables de la violence faites à ces femmes (FFADA, 2018).

 

            Pour atteindre cette visée, l’Enquête a trois missions qui serviront à réduire la violence et à soutenir les victimes. La première mission a pour but de faire connaître la vérité. En recueillant les histoires des différentes femmes et de leurs proches, elle veut expliquer la situation problématique à la société. Par la suite, la deuxième mission est d’honorer la vérité. Pour y arriver, elle veut informer la population afin que celle-ci arrête d’ignorer la situation des femmes autochtones. Cela a aussi pour but de sensibiliser les populations pour qu’elles comprennent davantage le problème que l’enquête présente. De cette manière, il sera possible de réduire, voire même éliminer les stéréotypes entourant celles-ci (Rapport provisoire, 2017, p.5). De plus, il faut que les gouvernements et les organisations changent afin d’honorer la vérité. Il faut donc que la situation cesse de rester dans le silence. Enfin, la troisième mission est de donner vie à la vérité. Des archives publiques sur les histoires des gens seront effectuées. Il y aura aussi des commémorations.  De cette manière, la vérité sera reconnue. (Rapport provisoire, 2017, p.7).

 

 

L’Enquête nationale a donc été mise sur pied pour changer les choses. Cependant, cela sera possible que si le changement est profond et qu’il s’effectue à long terme (Rapport provisoire, 2017, p.9). D’ailleurs, encore aujourd’hui, les femmes ne sont pas incluses dans les processus de décisions qui concernent tout ce qui englobe la guérison de ces dernières et de la communauté autochtone. Cela doit donc être amélioré (Rapport provisoire, 2017, p.12). Tout ce processus va permettre de rassembler les gens et leurs histoires. Les gens auront maintenant une voix, car on leur donne la parole. Bref, la relation entre la population autochtone et non autochtone sera probablement changée et il y aura de nouvelles conversations (Mollen, 2018).

Moyens mis en place

Il y a plusieurs moyens qui sont utilisés pour atteindre les objectifs de l’enquête. En premier lieu, il y a la collecte de la vérité. Cela consiste à recueillir des histoires et de l’information provenant des victimes et de leurs familles. Pour ce faire, les témoignages des personnes ayant été proches d’une victime disparue ou assassinée sont importants. Plusieurs moyens sont utilisés afin d’exprimer et de collecter ces histoires. Il y a, entre autres, de l’expression artistique, des audiences communautaires, des déclarations, des rencontres entre experts, (FFADA, 2018) des recherches, des collaborations et des analyses judiciaires des dossiers de la police (Rapport provisoire, 2017, p.5).

 

            Puis, certains sujets sont analysés. Il s’agit des causes systémiques de la violence et de ses différentes formes, soit sexuelle, sociale, culturelle, économique, institutionnelle, historiques. De plus, les diverses politiques et pratiques institutionnelles qui ont pour mission d’augmenter la sécurité sont également considérées avec attention (FFADA, 2018).

 

De manière plus spécifique, la collecte de vérité se fera en trois parties: les audiences communautaires, les audiences institutionnelles et les audiences d’experts. Il est d’abord essentiel de savoir que ces dernières sont faites selon la culture Autochtone afin de contrer le phénomène de colonisation. Ainsi, le processus d’audience appelé « processus de consignation de la vérité » sera exécuté selon les lois et rites autochtones. En premier lieu, l’audience communautaire consiste à recueillir la vérité par la participation des familles des victimes, des survivantes et des membres de la communauté autochtone (Rapport provisoire, 2017, p.57). Cette première audience servira aussi à diminuer la vulnérabilité des femmes et filles autochtones, à augmenter leur sécurité et à honorer les victimes (Rapport provisoire, 2017, p.58).

 

Par la suite, les audiences institutionnelles permettent les témoignages « des organisations locales, des institutions autochtones et non autochtones, des gouvernements, des services de police, des autorités responsables de la protection de l’enfance et de d’autres intervenants. ». Les sujets traités sont, entre autres, les enquêtes policières, l’aide à l’enfance, les interventions, la prévention, l’empowerment, les formes de violence et le racisme systémique. Cela est fait dans le but d’établir des stratégies efficaces pour enrayer ce problème de violence qui est faite auprès des femmes autochtones. (Rapport provisoire, 2017, p.58).

 

 

Enfin, les audiences d’experts tiennent compte des analyses d’experts par rapport aux causes systémique de cette violence. Les rôles des institutions sont également questionnés. (Rapport provisoire, 2017, p.58).


Acteurs en action

Dans l’Enquête nationale, il y a plusieurs acteurs. Toutefois, ce sont les Autochtones qui sont au centre de celle-ci. Évidemment, ce sont les femmes et les filles qui sont concernées. On y inclut les femmes bispirituelles, lesbiennes, gaies, hétérosexuelles, bisexuelles, transgenres, allosexuelles, non binaires et celles ayant un handicap ou des besoins spéciaux, qui ont disparu ou ont perdu la vie à cause de la violence (Rapport provisoire, 2017, p.1). De plus, leurs proches sont des acteurs cruciaux, soit leur famille, amis et communauté (FFADA, 2018).

 

            Dans un autre ordre d’idée, il y a aussi des acteurs qui sont en lien direct avec l’Enquête. On retrouve entre autres le gouvernement du Canada qui a permis d’établir cette dernière. Puis, il y a les quatre commissaires : Marion Buller, Michèle Audette, Brian Eyolfson et Qajaq Robinson. Ensuite. Il y a aussi la Directrice générale Calvin Wong ainsi que diverses équipes. Il peut s’agir d’une équipe pour les communications, les relations avec les communautés, la santé, les procédés juridiques, la recherche et pour les opérations. Par la suite, il y a des adjoints exécutifs, des conseillers spéciaux et des directrices (FFADA, 2018).

 

Les services policiers sont aussi des acteurs notables par le peu d’importance qu’ils accordent à leurs enquêtes lorsqu’il s’agit d’autochtones. Leurs manières d’agir et d’intervenir sur ces dernières ont des impacts sur la confiance que leur portent les autochtones ainsi que sur l’augmentation du nombre de victimes. Les changements qu’ils pourraient apporter dans leurs enquêtes auraient des conséquences sur les femmes et leurs proches (Rapport provisoire, 2017, p.21). Ces membres font partie des acteurs puisqu’ils ont tous un impact sur l’Enquête nationale et donc sur le mouvement postcolonial.

Valeurs

(Rapport provisoire, 2017)

(FFADA, 2018)

Forces en présence

Une des forces sociales en présence résulte des préjugés défavorables envers les autochtones, et ce, malgré la modernisation de l’état canadien, principalement en raison d’un colonialisme qui remonte à plus de deux siècles et qui peine à disparaître.  L’Acte de Québec qui a fait d’eux des pupilles de la couronne a ancré des préjugés qui ont été maintenus de manière solide jusqu’au 20e siècle. Le colonialisme et ses répercussions dans le temps sont donc une force contre laquelle l’enquête veut s’opposer. En effet, il est au cœur de la situation problématique qu’est l’assassinat et la disparition des femmes et des filles autochtones. Sans le colonialisme, les femmes autochtones n’auraient probablement pas vécu de discrimination systémique quant à l’intervention des policiers.

 

Le mouvement féministe est aussi une force en présence. En effet, l’Enquête à elle seule comporte des valeurs communes à ce mouvement telles l’équité et la justice. Sans le mouvement féministe, l’Enquête nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées n’aurait pas autant à cœur la diffusion des réalités des femmes autochtones. Au contraire, cette diffusion de la vérité fait partie de ses missions.

Résultats

 

Les résultats de l'Enquête nationale pour les femmes et les filles disparues et assassinées ne sont pas encore disponibles, car celle-ci se terminera à la fin de l'année 2018, le rapport final sera présenté. Dans celui-ci, les commissaires vont formuler des conclusions sur les causes systémiques de la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones et sur les politiques et les pratiques liées à la diminution de la violence et au renforcement de la sécurité. De plus, ceux-ci feront des recommandations sur des mesures pratiques concrètes qui peuvent être prises pour contrer les causes systémiques de la violence chez les femmes et les filles autochtones et renforcer la sécurité de celles-ci au pays. Il feront aussi des recommandations sur des façons d'honorer la mémoire des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.  La vision des membres de l’Enquête pour l’avenir, c’est que les femmes et les filles autochtones retrouvent leur pouvoir et leur place légitimes. Celle-ci repose sur leur principe directeur, soit que toutes les femmes et les filles autochtones sont sacrées. Ceux-ci espèrent que cela constituera une vision commune, qui saura créer de toutes nouvelles avenues pour les générations prochaines (Rapport provisoire, 2017).