La Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic

Par Andrée-Anne Bouchard, Julianne Dassylva, Kamille Dufour et Mélanie Veilleux 

(Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017d)

Au Québec, plusieurs mouvements sociaux ont émergé suite à la découverte de certains problèmes sociaux. Certaines régions se sont mobilisées pour revendiquer un changement social. Dans le cadre du cours, Forces et mouvements sociaux au Québec, il a été question d’étudier plusieurs grandes familles de mouvement sociaux, tels que les mouvements environnementaux et écologiques, qui seront d’ailleurs abordés dans ce site web. Selon une étude de cas précise située dans une région, soit celle de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, une mobilisation contre la pollution lumineuse sur ce territoire sera illustrée dans les lignes suivantes. En effet, la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic a été créé dans le but de lutter contre la pollution lumineuse, un problème planétaire de nature écologique. De plus, il sera aussi évoqué sur cette page web la définition de la pollution lumineuse, le déroulement des événements, le contexte historique, les acteurs, les moyens utilisés, les résultats obtenus, les forces sociales en présence, le rattachement aux mouvements environnementaux et écologiques, le façonnement du territoire, ainsi que les apprentissages effectués. 

La pollution lumineuse « désigne toute modification de l'environnement lumineux naturel et toute nuisance provoquée par la lumière artificielle sur la visibilité du ciel, la faune, la flore, les écosystèmes et la santé (Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017a). » Par ailleurs, ce qui est important de savoir, c'est que la pollution lumineuse est le résultat d'une diffusion de lumière artificielle effectuée par des gouttes d'eau, des particules de poussières et des aérosols qui se retrouvent en suspension dans l'atmosphère. Plusieurs facteurs contribuent à son importance et l'aggravent, comme la pollution atmosphérique, l'usage de systèmes d'éclairage considérés comme peu performants (dispositifs d'éclairage qui n'orientent pas la lumière vers le sol et dont la lumière n'est pas concentrée sur les zones à éclairer et mauvaise qualité d'éclairage), la surpuissance des installations lumineuses et une durée de fonctionnement d'éclairage plus élevée qu'il en est nécessaire. (Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017a).

(Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017e)

Entre 1978 et 1998, l’observation astronomique (OMM) de la région du Mont-Mégantic a vu la pollution lumineuse doublée.  Elle est passée de 5% à 10% entre ces dix années et elle risquait de mettre en péril les recherches scientifiques des astronomes de l’observatoire. Cette situation devenait critique pour le bon fonctionnement de l’observatoire et pour ses visées.

La première visée de la Réserve est de protéger et de conserver le ciel étoilé pour aujourd’hui et pour le futur. La Réserve lutte donc contre la pollution lumineuse et les effets négatifs qui en découlent. La deuxième visée est de diminuer la quantité d’énergie utilisée par les citoyens et les entreprises environnantes. La troisième visée est de redonner sa beauté au paysage environnant et ainsi de permettre à la région d’avoir un caractère unique (Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017b).

Donc, pour tenter d’améliorer la situation, l’observatoire a décidé de prendre certaines mesures. Les premières actions pour préserver le ciel étoilé ont débuté au début des années vers la fin des années 1990. L’OMM a renouvelé ses équipements pour pouvoir observer le ciel étoilé d’une façon optimale et donc améliorer la qualité de leurs recherches. En 2002, dans un effort commun, l’ASTROLab, le PNMM (parc national du Mont-Mégantic) et l’OMM ont établi ensemble les objectifs de leur projet qui vise à réduire la pollution lumineuse dans la région. Le PNMM, la Sépaq (Société des établissements de plein air du Québec), le Centre local d’emploi du Granit et l’OMM se sont mobilisés pour ramasser les fonds requis pour que leur projet se réalise. Suite à cela, ces partenaires ont décidé d’embaucher Mme Chloé Legris comme chargée de projet pour qu’elle mette en place un plan d’action pour réduire la pollution lumineuse de la région. Les chercheurs ont découvert que la pollution lumineuse des régions situées à moins de 25 km de la municipalité de Lac-Mégantic influence grandement l’observation du ciel étoilé dans cette région. Un haut taux de pollution lumineuse dans la municipalité voisine peut nuire aux observations de l’ASTROLab.

En analysant les besoins de la région et des chercheurs, l’ASTROLab en est venu à la conclusion, en 2003, que la création d’une réserve serait une bonne option. Mme Legris a fait ressortir les objectifs principaux du plan d’action. Les objectifs, qui ont mené à la création de la Réserve, sont de « réduire la pollution lumineuse de 25% à l’OMM » et de changer l’éclairage extérieur pour qu’il pollue moins et qu’il y ait moins de gaspillage d’énergie. Le plan d’action de la réserve comprend trois dimensions d’intervention, qui sont la sensibilisation, la réglementation et la conversion. La Réserve internationale du ciel étoilé du Mont-Mégantic (RICEMM) a été créée en 2007. Le 21 septembre 2007, la RICEMM est reconnue par IDA (International Development Association) et devient la première réserve au monde à être reconnue par cette organisation (Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017b).

Vue d'ensemble sur l'Observatoire

(Observatoire du Mont-Mégantic, 2018)

La Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic s’est développée dans un contexte international de lutte à la pollution lumineuse dirigé par l’International Dark Sky Association (IDA), un acteur clé de ce mouvement social. Cette lutte est déjà bien présente dans la société et elle prend de plus en plus d’ampleur au fil des années. L’IDA a contribué positivement à l’avancement du projet de la Réserve.

(Loch Ness Productions, 2013)

Fondation de l’IDA

Fondée en 1988, elle est l’organisation la plus reconnue en matière de lutte à la pollution lumineuse. La mission de l’IDA est de préserver et de protéger le ciel étoilé. Avec cette campagne de sensibilisation, l’IDA fournit des solutions, des formations et des programmes pour permettre aux citoyens des États-Unis et du monde entier d’être informés sur les nombreux impacts négatifs de la pollution lumineuse. L’IDA travaille de concert avec des urbanistes, des leaders locaux, des législateurs, des compagnies d’éclairage, des populations et des parcs et des réserves (dont la RICEMM) qui luttent contre la pollution lumineuse. Ce travail d’équipe a pour objectif de créer un mouvement de changement par rapport à l’utilisation de l’éclairage de la part des personnes et des villes. De ce fait, un meilleur éclairage diminuerait les impacts négatifs de la pollution lumineuse (International Dark-Sky Association, s.d.-d).

Recherches actuelles qui sont menées par l’IDA

L’IDA fait également des recherches pour mesurer les impacts de la pollution lumineuse sur l’environnement et les êtres vivants. Elle publie aussi des articles et des vidéos pour partager ses recherches au monde entier (International Dark-Sky Association, s.d.-d). Dans l’une de leurs vidéos, les conséquences de la pollution lumineuse sont abordées. Celle-ci menace la santé et la vie des êtres vivants. De nombreux accidents ont été causés la nuit parce que les conducteurs avaient été éblouis par des lumières. Un être humain qui est exposé à une forte lumière la nuit voit ses rythmes circadiens perturbés, ceux-ci régulant les cycles du sommeil. Les individus qui sont exposés à de forts éclairages la nuit et qui vivent dans des villes où il y a une forte quantité de pollution lumineuse auront plus de risques de développer des cancers du sein et de la prostate. La croissance des plantes est également perturbée par la pollution lumineuse. Cette dernière contribue à la mort d’animaux terrestres et marins. Par exemple, les oiseaux sont éblouis par un éclairage trop puissant et ils entrent en collision avec des édifices. Les bébés tortus, quant à elles, confondent la lumière des lampadaires au reflet de la lune sur l’eau et elles ne trouvent pas le chemin de la mer. À cause de la forte présence de pollution lumineuse sur la planète, de nombreuses personnes n’ont jamais pu apercevoir la Voie lactée. Pour ce qui est des astronomes, ils ne peuvent pas bien observer le ciel étoilé lorsque celui-ci est pollué. Le ciel doit être bien dégagé pour qu’ils puissent faire leurs analyses. La forte consommation de luminosité gaspille les ressources (argents et combustibles fossiles) de la planète (International Dark-Sky Association, 2013, 27 février).

L'image ci-dessous présente quelques conséquences de la pollution lumineuse sur la biodiversité

(Tallec, 2018)

Programmes de l’IDA

En 2003, la semaine internationale du ciel étoilé a été créée par une enseignante au secondaire et l’IDA participe activement à l’organisation de cette semaine chaque année (International Dark-Sky Association, s.d.-a). En 2010, l’IDA a publié un recueil d’informations qui avait pour sujet les impacts négatifs de la lumière bleue. En effet, la lumière bleue crée plus de pollution lumineuse que les autres types de lumière (International Dark-Sky Association, s.d.-b). En 2015, le programme award-winning International Dark Sky Places a battu le record de l’année suivante. Dix-sept nouveaux lieux ont été reconnus par l’IDA. Ce programme est utilisé pour reconnaître des lieux qui protègent l’environnement de la pollution lumineuse. En 2015, le programme Parks and Protected Areas Program a été mis en place. Ce programme a été créé pour que l’IDA s’associe avec des fabricants d’ampoules et de lampadaires pour mettre sur pied des éclairages écologiques abordables. L’IDA travaille également pour la protection de l’habitat des tortues de mer puisqu’une lumière inadéquate nuit à leur habitat (International Dark-Sky Association, s.d.-c).

Pour en découvrir davantage, nous vous invitons à visionner la vidéo ci-dessous 

(International Dark-Sky Association, 2013)

Plusieurs acteurs ont pris part à la mobilisation sociale concernant la pollution lumineuse. En voici une liste des principaux qu'il nous a été possible d'identifier. 

Les élus municipaux : La création de la Réserve a été possible grâce à la participation de 35 municipalités, y compris Lac-Mégantic et Sherbrooke. Elles ont toutes adopté une réglementation régissant l’éclairage extérieur et elles sont harmonisées au niveau des MRC (MRC du Granit, MRC du Haut-Saint-François et la Ville de Sherbrooke). (Boucher, 7 mars 2018).

(Anonyme, s.d.a)

Les commerçants : Selon nous, nous croyons qu’il serait possible que certains commerçants soient des acteurs en défaveur de ce mouvement, car, pour eux, la lumière est un atout. En effet, les panneaux publicitaires sont mis précisément pour attirer les clients et sans cette publicité-lumière les commerçants pourraient avoir moins de clients et, par le fait même, baisser leur chiffre d’affaire.

IDA et IDA Québec : La Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic a été nommée et certifiée par la International Dark Sky comme étant la première réserve internationale de ciel étoilée luttant contre la pollution lumineuse (Réserve internationale du Mont-Mégantique, 2017b.). Il est donc évident de considérer autant IDA que IDA Québec comme étant des acteurs principaux dans ce mouvement. C’est grâce à ce titre que la Réserve a pu se faire connaître par tous les citoyens venant la visiter.

(IDA Québec, 2017)

Les citoyens : Il est important de souligner l’apport des citoyens dans chaque municipalité du Lac-Mégantic ainsi que ceux de la ville de Sherbrooke. Sans eux, le projet n’aurait pas eu autant de succès. En effet, les citoyens ont pris part au projet avec dynamisme en suivant les règles établies par la Réserve pour préserver le ciel étoilé de la région.

Partenaires financiers : Plusieurs partenaires financiers ont pu fournir leur support lors de la réglementation, en 2006, grâce à plusieurs dons. Ces partenaires sont les suivants :

• Ressources Naturelles Canada
• Hydro-Québec
• Le ministère des Affaires municipales et des Régions
• La Conférence régionale des élus de l’Estrie
• Le parc national du Mont-Mégantic et la SÉPAQ
• L’Université Laval, l’Université de Montréal, l’Université McGill et l’OMM
• Les Caisses populaires Desjardins de l’Estrie (ASTROLab, s.d.-b)

(Hydro Québec, 2018)

(Desjardins, 2018)

La municipalité de Lac-Mégantic s’est doté d’un plan d’action afin de sensibiliser la pollution face à la pollution lumineuse et ainsi diminuer ses conséquences.

Première étape: la sensibilisation

La première étape de ce plan consiste à faire prendre conscience aux citoyens et aux élus des enjeux de la pollution lumineuse ainsi que les impacts du projet. D’abord, la région fait publier régulièrement des articles dans les journaux municipaux pour développer la conscientisation des citoyens à la cause. Ensuite, plusieurs outils de sensibilisation, notamment des calendrier, des dépliants et des autocollants, dans le but de créer un sentiment d’appartenance auprès de la population concernant le projet de réduction de la pollution lumineuse sur leur territoire. En ce sens, quelques activités éducatives sont prévus pour les touristes qui viennent visiter l’observatoire, ce qui accentue davantage la sensibilisation, qui se fait alors par le biais des visiteurs lorsqu’ils reviennent dans leur ville. De ce fait, la cause de la pollution lumineuse peut se s’étendre dans les autres régions. Finalement, plusieurs informations sont émises sur le site Internet de l’ASTROLab, ce qui permet à toutes personnes qui naviguent sur le site de s’informer sur le sujet. Cette première étape a permis de sensibiliser un maximum de personnes, puisqu’au départ, la majorité des québécois n’avaient jamais entendu parler de pollution lumineuse. La mise sur pied du projet a permis de faire de nombreuses entrevues radio, publier plusieurs articles, etc. (ASTROLab, s.d.-b). 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour voir trois présentations qu'a réalisé l'ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic dans le but de sensibiliser la population

(ASTROLab, s.d.e)

Deuxième étape: la règlementation

Suite à la campagne de sensibilisation, l’étape deux du projet de lutte consistait à réglementer l’éclairage de la ville pour que celui-ci soit de qualité tout en étant écologique.  La première règle est la norme concernant les ampoules. Cette règle stipule que les lumières blanches (halogénures métalliques et mercure) contribuent à la formation de pollution lumineuse, donc les citoyens doivent utiliser des ampoules de type particulier, soit sodium à haute pression, fluorescente et fluocompacte de moins de 15 W et les incandescence/halogène de moins de 60 W. Ensuite, la deuxième règle est celle concernant les luminaires. Ceux-ci doivent diffuser moins de 1% de flux lumineux au-dessus de l’horizon et doivent avoir une lentille plane ainsi qu’un abat-jour pour dissimuler l’ampoule. Par la suite, il y a des normes concernant l’éclairement qui interdisent les détenteurs d’immeuble de moins de quatre logements d’éclairer leur bien avec plus de 15 000 lumens. Finalement, la dernière règle se rapporte aux heures d’utilisation de la lumière. Tous les éclairages qui ne visent pas à assurer la sécurité pendant la nuit doivent être éteints entre 22h00 et 23h00 selon la MRC ou la ville. Certains règlements peuvent différer tout dépendamment la MRC ou la ville où ils sont appliqués. Alors, il est important d’aller s’informer sur le site Internet de l’ASTROLab pour bien les  connaître. (ASTROLab, s.d.-b)

 Le tableau ci-dessous présente les règlements concernant les types d'ampoules à utiliser dans ces trois municipalités

(ASTROLab, s.d.c).

Troisième étape: la conversion

Finalement, après avoir adopté des réglementations, la dernière étape du plan d’action est bien évidemment la conversion des dispositifs d’éclairage d’extérieur. Les objectifs du projet, élaboré en 2006 au mont Mégantic, étaient les suivants: « éliminer les sources lumineuses blanche et énergivore (mercure, halogène), remplacer les luminaires qui envoyaient de la lumière vers le ciel, réduire l’excès d’éclairement [et] éteindre certaines lumières en dehors des heures d’utilisation » (ASTROLab, s.d.-b). Ce projet de conversion mené par Lac-Mégantic a eu plusieurs résultats concluants. (ASTROLab, s.d.-b).

Exemple de lampadaires adéquats

(Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, 2017c)

Au total, c’est 16 municipalités qui ont été touchées par le projet de conversion. Le coût total de ce projet s’est élevé à 1,7 millions sur trois ans. La lutte contre la pollution lumineuse a amené plusieurs résultats concluants. Il y a eu, entre autres: « plus de 3 300 luminaires ont été remplacés dans 17 municipalités. Ceci équivaut à plus de  1 700 000 kWh/an d'économies d'énergie, ou environ 200 000$ d'électricité pour la région » (ASTROLab, s.d.-b). Au total, deux millions de dollars ont été investis (ASTROLab, s.d.-b). Le Lac-Mégantic a diminué de 35% sa pollution lumineuse grâce aux différents règlements établis. Par ailleurs, les conversions des dispositifs d’éclairage ont permis à la municipalité de réduire l’éclairage routier de 30% et de 60% les autres applications d’éclairage (ASTROLab, s.d.-b).

Par ailleurs, la population a grandement participé à la diminution de la population lumineuse en optant pour des éclairages écologiques. Alors, celle-ci a permis d'obtenir des résultats positifs, ce qui est caractérisé par leur implication sans égal, comme mentionner dans la section « Les acteurs ». Ensuite, de nombreuse alliances ont été crées suite à la création de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, ce qui lui a permis de se construire un fort réseau sur lequel elle peut s'appuyer en matière de pollution lumineuse. Dans le même ordre d'idées, l'accès à l'environnement a été préservé et, par le fait même, les astronomes ainsi que la population sont heureux et satisfaits.

Illustrations d'un plus grand accès au ciel étoilé (avant/après)

 (Asso Village du Ciel, 2017) & (Anonyme, 2013)

Selon nos connaissances personnelles acquises à travers des lectures et selon les échanges effectués en classe lors d'un séminaire, nous avons décelé qu'une force sociale en présence dans la lutte contre la pollution lumineuse de la Réserve étoilée est le capitalisme. Cette force sociale apparaît dans un contexte d'économie industrielle (Veilleux, 2018). En effet, le capitalisme se définit comme étant: « [un] système économique basé sur la propriété privée des moyens de productions et structurée en vue de maximiser les profits » (Perspective monde, 2016). Donc, en raison d'arguments commerciaux, c'est-à-dire dans l'objectif de créer un maximum de profit, d'être compétitif sur le marché et de vendre leurs produits, les grandes entreprises exploitent le plus possible les différentes ressources qui sont à leur disponibilité. C'est d'ailleurs le cas de l'électricité et donc de la lumière. De plus, afin d'être le plus visible possible, les entreprises ont recours aux panneaux publicitaires, par exemple et à de nombreuses sources de lumière pour éclairer leur commerce et le rendre attrayant. C'est aussi par mesure de sécurité. Cependant, ces lumières sont parfois intrusives, aveuglantes et dirigées vers le ciel (International Dark-Sky Association, 2013, 27 février), ce qui contribue au phénomène de pollution lumineuse. (Hypothèse)

De plus, selon nous, le capitalisme nous mène également, comme population, à une surconsommation de bien et de services. Notre consommation d'énergie et de lumière ne fait pas exception à cette surconsommation. Prenons l'exemple des lumières extérieures de notre maison que nous laissons allumées la nuit seulement parce qu'elles mettent notre maison en valeur, tout en assurant la sécurité. Elles ne sont en aucun cas utiles et elles occasionnent une énorme dépense d'énergie lumineuse, tout en contribuant à la pollution lumineuse. (Hypothèse)

Par ailleurs, une deuxième force sociale en présence à travers la mobilisation sociale pour diminuer la pollution lumineuse est le patriarcat. En effet, nous avons récemment émis l'hypothèse, en fonction de la consultation d'articles, qu'il est possible qu'afin de maintenir un environnement sécuritaire pour tous, les villes, les municipalité, les commerçants et les citoyens se sentent forcés d'éclairer le plus possible les cours privées, les rues, les stationnement par exemple. En effet, cela peut être expliqué par l'idée que la noirceur amène la criminalité et une insécurité d'autrui et qu'un fort éclairage limiterait les infractions, les vols et les agressions, tout en augmentant le sentiment de sécurité. (Mosser, 2007)

Visée des mouvements écologistes

Les mouvements écologistes visent « à protéger le monde naturel et à promouvoir un mode de vie durable » (Hummel, 2016). Une autre de leurs visées est de tenter de ralentir « l’épuisement des ressources (Hummel, 2016) ». Pour ce faire, les mouvements écologistes luttent pour qu’il y ait une réglementation qui protège davantage l’environnement (Hummel, 2016).

(Anonyme, s.d.b)

Il est possible de rattacher notre étude de cas concernant la pollution lumineuse au mouvements sociaux écologistes. En effet, comme nous l'avons vu, dans le cadre du cours Forces et mouvements sociaux au Québec, les mouvements écologistes sont caractérisés par la préoccupation du rapport de l'homme et de son environnement (Veilleux, 2018). D'ailleurs, en ce qui a trait à la situation problématique de la pollution lumineuse de la ville de Lac-Mégantic, le rapport entre l'homme et son environnement est clairement explicité. Mener des actions, afin de diminuer la pollution lumineuse de la ville et des MRC environnantes, a pour objectif de permettre à l'homme d'avoir accès aux astres célestes et pouvoir les observer. Donc, en diminuant la pollution lumineuse, il y a ici un effort pour préserver le rapport positif entre l'homme et son environnement céleste.

Par  ailleurs, compte tenu qu'il y a d'autre conséquences à la pollution lumineuse  que la diminution  de l'accès à  l'observation des astres, comme l'augmentation des chances de développer un cancer du sein pour les femmes et un cancer de la prostate pour les hommes et  une perturbation du cycle du sommeil (International Dark-Sky Association, 2013, 27 février), il y a encore ici une  préoccupation concernant l'impact de l'environnement dans lequel vit l'homme  sur sa propre santé.

Il est donc souhaité que les villes et les MRC adopte certains changements quant à leur politique d'éclairage public et que les citoyens utilise un type d'éclairage plus écologique dans une perspective de développement durable des villes et des communauté. Par développement durable, on pense à la réponse aux besoins fondamentaux de l'être humain et à la préservation de l'intégrité écologique pour les futures années (Veilleux, 2018). 

Donc, à travers la lecture de cette page Web, il est possible de constater que le mouvement social écologiste qui s'est produit dans la municipalité de Lac-Mégantic en lien avec la préservation de l'environnement céleste a façonné le territoire de différentes façons. Effectivement, les actions prises pour diminuer la consommation d'énergie lumineuse ont permis de soulever une certaine solidarité et une mobilisation au sein de la communauté. En effet, la population a pris conscience de la problématique et s'est sentie interpellée ce qui a mené à une participation citoyenne. Au final, les mesures prises ont mené à la préservation du ciel étoilé grâce, en partie, à la création de la Réserve étoilée du Mont-Mégantic et à la création d'aires protégés. En plus d'être un attrait touristique majeur pour la région, la Réserve permet aux amateurs d'astronomie ou simplement aux citoyens de préserver leur connexion aux astres. En effet, que ce soit pour observer les étoiles, se détendre, se ressourcer ou tout simplement pour l'aspect symbolique, il est très important de garder cette connexion entre les populations et l'environnement étoilé.

De plus, les changements apportés aux politiques d'éclairage publics des villes ont été effectués dans une perceptive de développement durable, un projet de société visé par les mouvements environnementaux et écologistes (Veilleux, 2018). Par ailleurs, la population du Lac Mégantic a également pris conscience du fait que l'environnement céleste est un bien commun et qu'il est important que tous prennent part aux actions mises en place pour le préserver.

(Ville de Lac-Mégantic, 2017)

Dans le cadre de ce travail, nous avons appris plusieurs choses qui nous seront utiles en tant que futures travailleuses sociales. Tout d’abord, nous avons pu faire le lien entre la définition des mouvements sociaux et notre étude de cas. En effet, les mouvements sociaux sont « un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d’un intérêt matériel ou d’une cause » (Starck, 2005). La Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic en est un exemple et il nous a permis de comprendre la théorie vue en cours, mais de façon concrète. En effet, nous avons constaté l’importance des mouvements sociaux dans notre société. Les mouvements écologistes ne sont pas à négliger, car ils revendiquent des changements de comportements et de consommation qui affectent grandement l'environnement la santé des êtres humains qui y vivent. Par le fait même, les usagers n’ayant pas leurs besoins de base comblés ne sont pas aptes à recevoir de l’aide. D’autant plus que leur habitat influence leur capacité à pleinement s’accomplir. Nous pouvons nous référer à la pyramide de Maslow, qui stratifie l’ordre des besoins fondamentaux de l’être humain. Par ailleurs, comme mentionné plus haut, ces mouvements sont mis en place pour revendiquer des inégalités ou des injustices présentes dans la société. Sans ces revendications, aucun changement ne se produirait et les populations continueraient de se sentir opprimées et insatisfaites. Dans notre futur métier, nous comprendrons donc qu’il est important d’encourager les populations à lutter pour améliorer leur condition et leur environnement.

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