Marche mondiale des femmes de 2015


 

Les visées de la Marche mondiale des femmes de 2015

Les visées de la Marche mondiale des femmes  (MMF) de 2015 ont été déterminées à la Journée internationale des femmes en 2015. Les buts ont été résumés par le thème « Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires! ». Ce slogan englobe les multiples points que la Marche mondiale veut dénoncer. La MMF de 2015 ajoute « [...] [qu’] ensemble, les femmes s’opposeront aux forces capitalistes, patriarcales et colonialistes qui sont responsables de l’austérité, de la destruction environnementale et de la militarisation. Ce sera l’occasion pour les femmes du Québec de tisser une histoire de solidarité et de concrétiser ce que pourrait être une société libre de domination » (Fédération des femmes du Québec (FFQ), 2010).

 

Premièrement, la MMF de 2015 veut libérer les corps des femmes. Des injustices subsistent envers elles, et ces inégalités peuvent enseigner aux femmes que leurs corps ne leur appartiennent pas complètement. La Marche veut leur redonner le pouvoir de décider ce qu’elles veulent faire avec celui-ci, surtout leur système de reproduction. Elle lutte pour que les femmes puissent avoir le droit à l’avortement sans contrainte et de décider leur manière d’accoucher. Elles veulent également la fin de la violence faite aux femmes, comme par exemple, le viol, l’exploitation sexuelle et les assassinats. Cette Marche a d'ailleurs mis l’accent particulièrement sur la violence faite envers les femmes autochtones afin de mettre de la lumière sur ces centaines de femmes disparues ou assassinées. La libération de la sexualité des femmes est également revendiquée. Elles devraient avoir le droit de vivre leur sexualité comme elles l'entendent et non en suivant les normes leur étant imposées. Elles soutiennent que nous devrions encourager la diversité et non la conformité aux normes de beauté irréalistes (Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF), 2014).

 

Deuxièmement, la Marche vise la libération de notre Terre. Ceci inclut toutes les menaces à l'endroit de notre planète. Par exemple, elle dénonce l’exploitation des ressources naturelles comme l’extraction minière, le forage, l’exploration des hydrocarbures et l’extraction des richesses naturelles. Elle dénonce également les conséquences sociales, liées à ces exploitations, sur les communautés et en lien avec les impacts sur les cours d’eau. De plus, elle mentionne que le principal acteur de l’abus de notre Terre serait le capitalisme. En effet, le capitalisme prône la recherche de profit, peu importe les conséquences. La Marche souhaite donc que nous réduisions notre consommation abusive (CQMMF, 2014).


Le troisième thème de la Marche mondiale est de libérer nos territoires des inégalités. Il faut dénoncer les inégalités présentes dans nos communautés et nos régions. Cela peut se faire dans les espaces politiques, physiques, sociaux ou culturels.  La Marche pointe le système politique qui limite la place des femmes, les espaces démocratiques non-représentatifs de la population ainsi que la privatisation des espaces publics. Par exemple, la privatisation des services sociaux et de santé fait partie de leurs dénonciations. De plus, elle lutte contre la dépossession des peuples et de leurs territoires. Elle veut valoriser les cultures, en luttant contre la dévalorisation des territoires symboliques et des langues, et l’importance des femmes dans l’histoire et dans les mémoires tout comme dans notre système d'éducation  (CQMMF, 2014).

Voici une vidéo qui résume bien les visées de la Marche mondiale des femmes de 2015 :

(Centrale des syndicats du Québec, 2015)

 

Acteurs importants

La Marche mondiale des femmes de 2015 a eu lieu grâce à plusieurs acteurs importants. Le principal est la Fédération des femmes du Québec (FFQ), qui travaille en partenariat avec la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF). Un autre acteur, qui n’est pas une personne ou un groupe, est la Journée internationale des femmes, et a servi de journée de lancement pour le thème de la Marche de 2015 et des actions diverses se déroulant du 8 mars au 17 octobre, date du rassemblement final et journée de la Marche (8 mars info, 2017). De plus, la Marche n’aurait jamais été possible sans les nombreux centres de femmes qui ont participé à cette cause de par leur présence et leur implication.

 

La FFQ travaille non seulement dans la planification locale de la MMF de 2015, mais aussi à l'échelle internationale. Durant la préparation de la MMF de 2015, elle a tenu trois ateliers. Le premier fut composé de militantes internationales, incluant des personnes des États-Unis, du Brésil, du Mexique et des communautés autochtones du Québec. Le comité de coordination de la MMF leur a alors présenté la thématique « Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires ». Le deuxième atelier tenu par le FFQ, « [...] lié au Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), au Collectif des femmes de diverses origines, aux Femmes autochtones du Québec et au Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), se tiendra dans la continuité de la MMF et du projet Des-terres-minées » (Alarie, 2016). Le troisième atelier était tenu seulement par la FFQ et portait le titre « Vieille au-delà des préjugés ». Durant cet atelier, plusieurs femmes ont discuté sur le sujet de vieillir « [...] dans une société qui valorise la performance, la jeunesse et la beauté » (Alarie, 2016). Ce sont là quelques exemples d’actions posées par la FFQ en prévision de la MMF de 2015.

 

Le CQMMF, quant à lui, a regroupé toutes les personnes qui voulaient faire partie de la Marche mondiale de 2015. Les personnes pouvant y participer étaient des groupes de femmes, des groupes mixtes, des syndicats ou des comités de la condition féminine. Les personnes ou groupes membres de la Coordination s’impliquent non seulement au niveau local, mais aussi au niveau régional et national. La Coordination planifie la Marche et aussi toutes les activités l’entourant. Elle doit s’assurer que toutes les actions posées tiennent compte des trois visées de la MMF de 2015 et de la Charte mondiale des femmes pour l'humanité (Marche mondiale des femmes, 2017).

 

De plus, si ce n’était pas des centres de femmes et des maisons d’hébergement des diverses régions du Québec, la Marche n’aurait peut-être pas eu une telle ampleur. Les centres de femmes de tous les coins de la province du Québec, du Canada et même d’autres pays se sont regroupés pour cette journée (Drolet, 2017). Il y a eu plus de 10 000 personnes à Trois-Rivière lors de la Marche. Beaucoup de ces personnes provenaient des centres de femmes (Gamelin, 2015).

 



Darlène à la MMF
Darlène à la MMF

(Dérézil, 2015)

 

Déroulement de la Marche

Depuis l’an 2000, une mobilisation de plus de 4000 groupes et organisations de citoyens dans plus de 50 pays a lieu chaque cinq ans pour la Marche mondiale des femmes. Cette dernière est un mouvement international d’actions féministes revendiquant des droits ainsi que la place de la femme en société (Jeunes et Société, 2017). Il y a eu plusieurs vagues de féminisme et la dernière, qui rejoint notre ère actuelle, est la troisième vague. Celle-ci vise à conscientiser à la condition féminine et à une forme d’oppression qui n’est pas homogène (Gélineau, 2017). La 4e action a eu lieu le 17 octobre 2015 à Trois-Rivières. Le thème de cet évènement a été mûrement réfléchi à la neuvième rencontre internationale de la MMF qui s’est tenue au Brésil. C’est à ce moment que le fameux thème a été choisi. La MMF prend en considération plusieurs enjeux de notre société actuelle et a une mission d’éducation, qui l’a amenée à sillonner le Québec à partir du 8 mars pour clamer leur thème. La caravane des résistances et de solidarité féminine sillonna chaque région du Québec de mettre en commun des résistances et des alternatives féministes (Marche mondiale des femmes Québec, 2015).

 

Chaque région était amenée à illustrer les impacts et les résistances possibles en lien avec les thèmes « corps », « Terre » et       « territoires ». La caravane a passé à Québec le 10 septembre, le 24 à Lanaudière l’avant-midi et dans les Laurentides en après-midi, à Montréal le 26, le 29 à Laval, le 30 en Outaouais, le 2 octobre en Abitibi-Témiscamingue, le 4 à Jamésie, le 6 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, le 7 à la Côte-Nord, le 9 en Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le 14 en Montérégie, le 15 en Estrie, le 16 en Chaudière-Appalaches en avant-midi et au Bas-St-Laurent en après-midi, pour se terminer au Parc Portuaire de Trois-Rivières le 17 octobre. Ce trajet est un symbole de la résistance et de la solidarité féminine qui s’unissait avec la Marche. Dès 8h30 le matin, les bénévoles sont arrivés sur les deux sites, soit le Parc Portuaire et le terrain de l’Exposition (Coalition montréalaise de la Marche mondiale des femmes, 2015). De 9h00 à 10h00, il y a eu l’arrivée des autobus. À 11h00, plus de 10 000 personnes ont marché deux kilomètres vers le Parc. De 12h00 à 14h30, un repas fut servi et les activités lancées (Déraspe, 2015). Plusieurs invités et artistes étaient au rendez-vous afin de faire de l’animation sur scène. Les femmes autochtones disparues ont fait partie du discours, qui s’est avéré autant féministe que politique, notamment par la prise de parole de certains leaders de nations autochtones. Selon les observations de notre collègue de travail, Darlène Dérézil, plusieurs navettes étaient présentes pour raccompagner les gens aux autobus qui les attendaient à leur point de départ en fin de journée.

 

Affiche promotionnelle
Affiche promotionnelle

(Marche mondiale des femmes, s.d.)


 

Les moyens

D’abord, au sommet de cette organisation, il y a le secrétariat international de la Marche mondiale des femmes. Ensuite, il y a la Fédération des femmes du Québec (FFQ) qui coordonne la Marche au niveau national, et les tables au niveau régional. Ces dernières forment le CQMMF, qui est responsable des initiatives autour la mise en place de la Marche. Par la suite, le message est dirigé au niveau local. Pour la région de Chaudière-Appalaches, il y a eu plusieurs acteurs à l’œuvre pour promouvoir l’évènement, notamment les centres de femmes, plusieurs organismes communautaires, les maisons d’hébergement pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale, la CSN, l’AFÉAS, Vision Femme, le Berceau, etc. Au début, il y a eu la création d'un site Internet pour la Marche au Québec : www.mmfqc.org/thematique. Ensuite, chaque responsable de son organisme avait pour mission de faire passer le message auprès de la communauté. Il y a eu des publicités sur les médias sociaux, à la radio Mix 99,7 et sur les ondes du câble Cogeco, où des capsules vidéo ont été diffusées. Également, des courriels ont été envoyés aux personnes qui avaient à prendre parole lors du grand rassemblement afin d'encadrer les messages à caractère politique. Aussi, Mme Céline Déraspe, une contractuelle responsable de la MMF 2015, avait lancé une campagne de financement par la vente de bouteilles de vin, de bières et de saucisses. À Trois-Rivières le 17 octobre, il y avait un dîner froid servi à ceux qui l’avaient commandé et une possibilité d’hébergement pour ceux venant de loin. Enfin, des ententes furent établies avec la sécurité de la ville pour assurer le bon déroulement de cette journée. Ils ont même fait appel au réseau des groupes de femmes en environnement afin d’avoir des astuces et des conseils pour que leur événement soit écoresponsable (CQMMF, 2014).

 

 Une force en présence et son action

L’objectif de MMF vise à démontrer les impacts concrets des différents systèmes d’oppression au Québec et partout dans le monde sur les femmes, tels que le patriarcat, le capitalisme, le racisme, l’hétérosexisme, le capacitisme et le colonialiste (FFQ, 2010). C’est avec le mouvement féministe que s’imprègne la Marche mondiale des femmes dans notre société. Il est relaté que nos corps sont des territoires occupés par des forces sociales en présence. Les inégalités ramènent à la femme que son corps n’est pas totalement le sien. Le féminisme s’oppose à cela et met en place des luttes afin d'obtenir l'égalité (CQMMF, 2014).     

 

Résultats de la Marche de 2015

Un des résultats observables de la Marche mondiale des femmes à Trois-Rivières, c’est qu’il y a eu plus de 10 000 personnes qui ont participé à cet évènement. Il y a aussi eu près de 140 autobus qui se sont déplacés à Trois-Rivières en octobre 2015. Des gens de partout, soit de 17 régions administratives du Québec se sont réunis lors de cet évènement. D’ailleurs, il y avait environ 70 artistes qui étaient présents le 17 octobre. On constate facilement l’ampleur de cet évènement grâce à toutes les personnes qui se sont mobilisées pour revendiquer les droits des femmes. Une ambiance de solidarité envers les femmes régnait lors de cet évènement. Une grande diversité de personnes a pris part à l'événement. Il y avait également de nombreuses femmes autochtones. Celles-ci répétaient haut et fort le désir d'un avancement pour la Commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues (Gamelin, 2015). Un geste de solidarité a d’ailleurs été posé par les militantes en mémoire de ces femmes. La majorité des militants se sont alors étendus sur le sol en mémoire des toutes les femmes autochtones victimes d’actes criminels (Syndicat canadien de la fonction publique, 2015). Cette mobilisation a probablement accéléré les revendications autour de l’ouverture de la commission d’enquête  (Drolet, 2017).

 

 


Références

 

Alarie, M-H. (2016, 6 août). Le Forum des femmes : place aux luttes féministes. Le Devoir. Repéré à http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/475944/le-forum-des-femmes-place-aux-luttes-feministes

 

Centrale des syndicats du Québec (CSQ). (2015, 6 octobre). Slam – Marche mondiale des Femmes 2015. [Vidéo en ligne]. Repéré à https://www.youtube.com/watch?v=EyoYgGRIVnA

 

Coalition montréalaise de la Marche mondiale des femmes. (2014). Bulletin février 2014. Repéré à http://www.cwhn.ca/sites/default/files/MMF%20Bulletin_février%202014.pdf

 

Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes. (2014). Texte de réflexion pour la MMF 2015. Repéré à  http://cdeacf.ca/sites/default/files/editor/texte_de_reflexion_mmf_2015.pdf

 

Déraspe, C. (2015). Marche mondiale des femmes 2015 : À quelques mois de l’événement, où en sommes-nous rendus?   Saint-Georges, Québec : Le Havre l’Éclaircie.

 

Dérézil, D., & Fecteau, I. (2015, octobre). Sortir du cadre : pour la Marche mondiale des femmes. Communication présentée à la 4e action de la MMF, Trois-Rivières, Québec. Résumé repéré à l’organisme Le Havre Éclaircie.

 

Drolet, K. (2017, 1er février). Entrevue avec la directrice du Réseau des groupes de femmes de Chaudière-Appalaches. Lévis, Québec : locaux de l’UQAR.

 

Fédération des femmes du Québec. (2010). Marche mondiale des femmes. Repéré à  http://www.ffq.qc.ca/luttes/marche-mondiale-des-femmes/a-propos/

 

Gamelin, O. (2015, 17 octobre). Marche mondiale des femmes: «On a voilé les véritables problèmes». La Presse. Repéré à http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201510/17/01-4911005-marche-mondiale-des-femmes-on-a-voile-les-veritables-problemes.php

 

Gélineau, L. (2017). SCH1614 - Forces et mouvements sociaux : Les mouvements féministes [Présentation PowerPoint]. Repéré dans l’environnement Moodle : https://portail.uqar.ca

 

Jeunes et Société. (2017). Marche mondiale des femmes 2015 : Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires!. Repéré à http://www.monde.ca/jeunesetsociete/lunisson/lunisson26page3.htm

 

Marche mondiale des femmes Québec. (s.d.). 17 octobre [Image]. Repéré à http://www.mmfqc.org/17_octobre

 

Marche mondiale des femmes Québec. (2017). À propos de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes (CQMMF). Repéré a http://www.mmfqc.org/au_quebec

 

Marche mondiale des femmes Québec. (2015). La caravane des résistances féministes. Repéré à http://www.mmfqc.org/caravane

 

Syndicat canadien de la fonction publique. (2015). Joignez-vous à la 4e Marche mondiale des femmes le 17 octobre à Trois-Rivières. Repéré à http://scfp.qc.ca/joignez-vous-a-la-4e-marche-mondiale-des-femmes-le-17-octobre-a-trois-rivieres/

 


Dans le cadre du cours Forces et mouvements sociaux au Québec

SCH1614, Hiver 2017, Université du Québec à Rimouski, Campus de Lévis

Par Zena Chandler-Riffin, Darlène Dérézil, Marie-Christine Grondin et Lori Roy